de Marcel Michelet
Enrichi de ce qu'on donne
Appauvri de ce qu'on tient
Bienheureux qui s'abandonne :
On a tout quand on n'a rien.
Le froment que l'on engrange
Moisira s'il n'est du pain.
Le raisin que l'on vendange
Pourrira s'il n'est du vin.
Par-delà les vieilles routes,
Les sentiers et les chemins,
Les recherches et les doutes,
Les dossiers, les parchemins.
Une glèbe rase et nue
Laisse au vent sa liberté;
L'ouragan qui la dénue
Transfigure sa beauté.
Et de toute la matière
Consumée à tant de feu
Il ne reste que lumière
Pénétrable au don de Dieu.
Pureté, que tu es belle !
Triomphante du désir
Ta splendeur est éternelle
Comme l'acte de mourir.