Article proposé par Jean-Maurice Délèze
Des coteaux de Clèbes à l'enseignement de la philosophie en Belgique
Titillé dès sa prime jeunesse par la question du sens de la vie, Olivier Praz, né à Clèbes en 1977, se laisse guider dans son parcours scolaire et académique par une grande curiosité d’esprit. Ses années d’études au Collège de la Planta à Sion l’initient à la réflexion philosophique, marquée dans cet établissement de l’empreinte d’Aristote et de St.Thomas mais surtout du souci de rigueur dans la définition des termes du langage.
Le choix de la philosophie pour ses études académiques coule de source. Il s’inscrit à l’Université de Fribourg, avec en deuxième option, l’ethnologie. Il réalise après deux ans d’études que cette Faculté prend un tournant par trop positiviste alors que lui-même ressent toujours autant le besoin d’approfondir des questions plus fondamentales. Parmi celles-ci, il y a la culture d’une approche « cosmopolite » ; celle inspirée par Emmanuel Kant, visant à une connaissance de l’homme comme citoyen du monde, universel, libre et créateur, partout chez lui car partout chez autrui.
La rencontre de sa future épouse, infirmière pédiatre belge à l’hôpital de Sion, l’amène à s’intéresser à l’Université de Louvain-la-Neuve. Avec les crédits obtenus dans le cadre de cet échange Erasmus, il passera à Fribourg sa licence ès lettres (philosophie).
Viens sous les arbres parmi les couleurs de la vie. Tel est le beau titre de sa thèse de doctorat, publiée à Paris en 2013, consacrée à la poétique de Friedrich Hölderlin, auteur allemand du 19e siècle, proche des philosophes Hegel et Schelling. Ce qui l’intéresse, ce sont les liens entre l’écriture et la réflexion philosophique. A ses yeux, « l’écriture ensemence, structure le discours philosophique et permet une pensée aboutie ».
Déjà au cours de ses études, il se tourne vers l’enseignement (il faut bien vivre !). Il est aujourd’hui Maître-assistant en philosophie auprès de deux Hautes Ecoles de Liège, vouées à la formation d’ingénieurs au niveau master. Dans un cursus polyvalent de 5 ans, une centaine d’heures sont consacrées à la philosophie. Toujours la question du sens : quelles options durables avec un système économique si peu regardant de la finitude de nos ressources ? quel visage pour notre société façonnée par le modèle technoscientifique ?
Olivier est aussi chercheur associé auprès de deux Centres d’études et de recherche sur le langage et la connaissance, tout en animant un café philosophique et un enseignement sur la religion dans un collège.
Ce parcours de vie passionnant ne lui a pas donné la grosse tête. A l’image de ses parents, il respire la simplicité. C’est évident qu’il n’a pas fini de nous étonner, et de nous enchanter.