A l'époque, les bâtiments étaient serrés les uns contre les autres et construits avec ce que l'on trouvait sous la main. Le bois d'abord qui abonde et qui requiert un outillage sommaire (dur et vieux mélèze brûlé par le soleil et d'un noir d'ébène). Les granges, les greniers, les raccards, tout est fait de madriers de charpentes rustiques. La maçonnerie est utilisée au minimum car elle demande de plus ample connaissance. Le maçon est aussi tailleur de pierre et doit bien connaître les liants, la chaux et le plâtre, connaissances tirées d'industrie locale relevant de l'intuition et de l'empirisme. De plus la pierre à bâtir est souvent de qualité douteuse. Aucune route n'arrivant à Clèbes, c'est à dos de mulets ou d'hommes que les matériaux sont acheminés.
Les étages des maisons sont fort bas et les fenêtres très petites, de la hauteur d'un pied (32,48 cm) et de 8 à 10 pouces de largeur (1 pouce = 27,04 mm). Ces fenêtres sont "posées" sur une poutre qui portait des ornementations de style romans: dents de scie, arcatures, etc.; Les portes sont si basses qu'un homme de taille médiocre a de la peine d'y entrer sans se faire mal (selon le Dr. Schiner).
Le type classique est la maison de 2 étages exceptionnellement de 3. Les soubassements et la cuisine sont en maçonnerie. Au sous-sol, les caves ont des portes arrondies. On entre de plein pied au rez-de-chaussée et un escalier extérieur conduit à l'étage supérieur voir au second. Les toits sont généralement recouverts d'ardoises mais quelques fois également en tavillons malgré les recommandations de la police du feu.
Les "appartements" sont tous construits sur le même modèle. Il y a le "pilo e i meijon". "I pilo" est la chambre où se trouve le pierre ollaire. Elle est en général encombrée de lits, l'un glissant sous l'autre, de bahuts, d'une armoire, d'une table, de bancs et suspendues au plafond une lampe à pétrole. Au mur sont suspendus le crucifix et les images pieuses sur verre et sous verre, dans un cadre simple. "I meijon",qu'il faut traverser pour accéder à la chambre, n'est pas exactement la cuisine mais le local en maçonnerie dont le foyer ouvert surmonté d'un vaste manteau de cheminée occupe souvent un quart de la pièce. la "borne" (le canal à fumée), pendent les 2 branches de la cheminée, accrochée à 2 traverses de bois, posées assez haut pour que les flammes ne puissent les atteindre.
A la cuisine on trouve des marmites, 2 ou 3 casseroles, la brante pour l'eau, le puisoir en cuivre, contre le mur une étagère à ustensiles, la maie où l'on pétrit le pain, et enfin les outils les plus usuels pour le bois de feu, le jardinage, bref une sorte de fourre-tout. Les lieux d'aisance sont souvent un petit édicule en planches dressé tout près de la maison. On ne redoute pas les odeurs et l'engrais humain à grande vertu!
Textes tirés de "Nendaz hier et aujourd'hui"