L'Eglise enseigne qu'il y a un purgatoire où les âmes des défunts achèvent d'expier leurs fautes, s'ils sont morts en état de péché.
Ces âmes apparaissaient parfois (plus souvent autrefois que de nos jours), pour solliciter des prières et pour l'instruction des vivants.
Ces croyances servaient de thèmes aux longues soirées d'hiver où l'on racontait, à qui mieux-mieux, toutes sortes d'histoires de revenants, d'apparitions et de lutins, occupés à tourmenter les âmes en peine.
S'agissant de la "Chenegoude", l'être important dans la hiérarchie des esprits malfaisants et ténèbreux, en guerre contre l'humanité souffrante et chrétienne, était un dragon affreux qui pourchassait, sans trêve ni merci, les âmes errantes des défunts condamnées au purgatoire.
Leur passage était signalé par un vacarme effrayant, qui unissait des cris de bêtes à ceux de démons en fureur.
Les âmes infortunées, ainsi poursuivies, prenaient la forme d'un agneau, d'un chevreau ou d'une colombe, et cherchaient refuge auprès des personnes qu'elles rencontraient. Si celles-ci acceptaient de les protéger, les âmes fugitives étaient sauvées.
On racontait qu'une femme pieuse qui avait l'habitude d'aller chaque soir réciter son rosaire dans une chapelle proche, vit un jour venir à elle un mouton qui se blottit sous son tablier. L'instant d'après un dragon faisait entendre un cri horrible qui remplit d'épouvante la femme en prières. Aussitôt que la Chenegoude fut passée et que le vacarme eut cessé, l'agneau se changea soudainement en une dame richement vêtue, qui présenta à la paysanne mille remerciements et révérences. Elle ajouta : « Maintenant que mon âme est sauvée, en récompense, toute ta famille sera dans la prospérité jusqu'à la quatrième génération. » Puis un tourbillon de poussière s'éleva.., l'apparition avait disparu.