Source : Les Pâturages de la région de Sion - Théodore Kuonen
Veysonnaz est une ancienne seigneurie de l'évêque avec laquelle la bourgeoisie de Sion a eu des intérêts d'ordre pastoral et sylvicole durant le moyen-âge et jusqu'au milieu du 19e siècle.
Les questions de pâturage n'ont cependant pas donné lieu à des tensions particulières.
Veysonnaz entretenait aussi des relations avec les communautés de Salins, des Agettes et de Nendaz: Formant une enclave entre la baronnie de Sion et la grande majorie de Nendaz, son propre espace vital était bien réduit et l'occupation agricole devait s'étendre sur les terrains voisins. Des difficultés au sujet de pâturages ont effectivement surgi, en 1377 et 1463, entre les communautés de Salins, des Agettes et de Veysonnaz.
En 1607, les trois communautés et la bourgeoisie de Sion s'accordent sur un prononcé quant aux pâturages de Charbonnay sur les territoires de Veysonnaz et de Salins.
En 1668, la commune des Agettes rend à celle de Veysonnaz son tiers des communs sis dans la partie de la forêt du Rard et tenu en indivision avec la bourgeoisie de Sion et avec Salins qui reprend à son tour le tiers de Veysonnaz. Les Agettes n'auront désormais plus aucun droit aux biens communs sis sur le territoire de Salins qui ne profitent plus qu'à la bourgeoisie de Sion et à Salins.
Nous avons vu que diverses familles nobles avaient des droits à Veysonnaz. Dès 1400, on trouve des actes qui nous renseignent sur des albergements et des ventes, à des gens de l'endroit, de fiefs d'hommage-lige et de droits d'eau contre redevances. Après qu'ils eurent bénéficié de certains affranchissements, les gens de Veysonnaz et des villages voisins purent procéder à des ventes et à des échanges de terrain.
Pour l'arrosage de ses terres, Veysonnaz devait amener de l'eau à travers le territoire de Nendaz. Elle était donc économiquement dépendante de cette grande voisine. Il ressort d'un acte de 1469 que les consorts du bisse de Veysonnaz reconnaissent devoir 8 sols de cens annuel pour l'eau d'arrosage des prés de Brignon, de Clèbes et de Veysonnaz, payable à la Saint-Martin au duc de Savoie. En 1596, les consorts du même bisse passent une convention pour le payement d'une rente annuelle de 8 sous mauriçois à la Saint-Martin, mais cette fois aux Patriotes du Valais. Une telle reconnaissance avait déjà eu lieu, en 1592, envers le secrétaire de la patrie valaisanne. Elle se répétera encore en 1621.
Veysonnaz passe, en 1476, une convention avec les gens de Vex et des Agettes pour la construction d'un aqueduc puisant son eau dans le bisse de Veysonnaz au lieu-dit Dusenchy. Les conditions pour la construction, l'entretien et la réparation des dommages causés par une éventuelle rupture y sont mentionnées.
Auparavant, la communauté de Vex, par son major, avait passé, en 1453, une convention avec le major du duc de Savoie pour la construction, sur le territoire de Bouson, Breygnon, Cleby et Heys, d'un nouveau bisse et aqueduc, dit «treyseur» ou «bey», depuis l'eau de Exprenchyz jusque sur le territoire de Vex. Les consorts de Vex pourront construire cet aqueduc qui devra prendre sa source dans l’Exprenchyz et l'amener directement vers l'aqueduc de Veysonnaz pour passer par ce dernier sur toute sa longueur jusqu'à sa fin et par les lieux qu'ils voudront jusqu'à Vex. Ils devront s'entendre avec Veysonnaz à ce sujet.
Les gens de Vex restent responsables de tous les dommages occasionnés par le bisse à ceux de Nendaz. Ils feront passer le bisse par des canaux et ponts sur les ruisseaux et feront des ponts suffisants sur le bisse pour chemins et dévaloirs qui seront entretenus à perpétuité par les gens de Vex.
L'autorisation est accordée moyennant la somme de 8 livres mauriçoises de bonne monnaie courante dans la châtellenie de Conthey, et une poutre de bois de mélèze dite «tendeur» que ceux de Nendaz devaient fournir chaque année à la ville de Sion pour l'entretien du pont du Rhône ; Vex payera au major de Breygnon, Cleby et Heys une rente annuelle de 3 sous mauriçois.