Source : Les Pâturages de la région de Sion - Théodore Kuonen
Dès le XIVe siècle, la population augmente et le cheptel également; l'élevage, qui est l'occupation principale, devient si important qu'il faut se procurer de nouveaux pâturages par l'extension des alpages, au besoin sur d'autres communes et même sur d'autres cantons. La lutte pour les pâturages d'alpage ne tarde pas à se faire jour: Nombreux sont les documents qui nous parlent de litiges entre les communautés voisines, de sentences arbitrales, d'accords, de jugements des tribunaux. Nombreux aussi sont les arrêtés, statuts, ratements, renouvelés périodiquement. L'usage satisfaisant des pâturages et alpes ne peut se faire que sur la base de réglementations définissant l'exercice ordonné de leurs droits par les intéressés.
Les règlements fixent les jours de l'inalpe et de la désalpe, les chemins à suivre pour la montée et l'heure et la place du rassemblement. Aucun consort ne pourra désalper ses bestiaux avant la date fixée par le Conseil communal ou les procureurs.
Il est défendu d'alper plus de têtes de bétail que son propre fonds ne peut en porter, d'alper une vache louée ou achetée en vue de l'inalper; personne ne pourra donc investir plus qu'il n'a de droit de fonds et celui qui aura plus de mesures de lait qu'il n'a de fonds devra descendre les vaches en trop.
Celui qui a trop d'herbe doit l'admodier (mettre en location) au premier consort qui la demande et, s'il ne peut pas la louer, il sera indemnisé par les procureurs. Celui qui n'a pas assez d'herbage sur la montagne dont il est consort peut être appelé à payer une taxe par vache.
Nombreuses sont les dispositions qui se réfèrent à l'alpation des vaches, génisses, veaux, porcs, moutons: les vaches sont classées en vaches à traire (laitières), en vaches sans lait, ou ne donnant pas la mesure prescrite ; les génisses sont classées d'après l'âge ou comme devant mettre bas leur veau à la montagne.
On peut alper un porc ferré en proportion du nombre de vaches alpées, c'est-à-dire du lait de tant de vaches. Il en va de même pour les veaux. Les moutons ont, en général, un espace réservé.
Celui qui arrive le matin avec chevaux ou mulets devra les redescendre le soir, car on ne pourra pas les abandonner de nuit sur les pâturages.