Pâturages et Forêts

Source : Histoire des Forêts - de Théodore Kuonen

Extrait de la traduction française de l'acte d'albergement à des consorts de Veysonnaz, en 1404, d'une portion de terre et forêt de la ville de Sion en Tyon:

«Notoire soit à tous les fidèles qu'en présence de noble et puissant homme Pierre de Raronia, Seigneur d'Anniviez, de Rodolphe de Raronia, dîmier, du clerc Martin Garachodi et d'autres bourgeois de la ville de Sion, rassemblés au cimetière de l'église de la bienheureuse Vierge Marie à Sion, au lieu accoutumé pour y traiter des affaires de la communauté de la bourgeoisie, convoqués au son de la cloche, ont été constitués spécialement pour les objets désignés ci-dessous: les syndics et procureurs de la bourgeoisie de Sion et les consorts de Veysonnaz.

Les dits syndics et procureurs, avec approbation et consentement des dits seigneurs d'Anniviez et des autres bourgeois tant présents qu'absents, ont remis, albergé pour toujours aux dits hommes associés en cette cause, pour eux et pour leurs héritiers, une certaine possession, soit portion de terre et forêt en Tyon».

Le contenu d'un acte-type d'albergement, celui de 1597, fait à l'hôtel de ville des bourgeois de Sion, est le suivant:

acteLes hommes de Veysonnaz confessent et reconnaissent qu'ils doivent et veulent payer en paix et sans contradiction ni opposition légitime, au respectable Pierre de Riedmatten, ancien gouverneur de Saint-Maurice, major d'Ardon et Chamoson, bourguemaître de la bourgeoisie de Sion, présent, acceptant, stipulant pour, au nom et en faveur des Magnifiques Seigneurs les bourgeois de Sion, de leurs héritiers futurs et successeurs quelconques, et agissant en cet acte au nom, par la volonté et selon la délibération réfléchie de plusieurs autorités et bourgeois présents, agréant et consentant, à savoir 9 fischelins de seigle de belle et recevable qualité, mesure de Sion, et 3 sols et 4 deniers mauriçois de rente annuelle et perpétuelle, à payer par les prédits confessant présents et futurs et par leurs successeurs admis subséquemment, toujours à la Fête de St-Martin d'hiver, à Sion.

Les confessants ont le droit et la faculté ou l'avantage de couper le bois selon leur désir dans la forêt du Rard, un mas situé dans la forêt des nobles bourgeois de Sion, appelée en Tyon, jouxtant, du levant, la Syaz des Cretta Lovel ou le chable (du Guérard) montant jusqu'au sommet de la forêt de Tyon, du couchant, les terres de Nendaz et, au dessous, les terres des Fontaneys.

Les consorts présents et futurs et leurs successeurs seront tenus de présenter annuellement, le premier lundi après la fête de la Saint-Martin, aux bourgeois de Sion en leur conseil ordinaire, un homme du nombre des consorts apte, capable et agréable pour la garde des bois, lequel garde agréé, promettra, par serment solennel entre les mains du Bourguemaître, d'assurer avec la plus grande diligence la garde de la prédite forêt pour laquelle la redevance est payée, afin que d'autres qui ne seraient pas bourgeois, communiers et consorts ne puissent tenter de couper et enlever des bois; il dénoncera les contrevenants.

Il a aussi été arrêté que les consorts sont tenus de choisir entre eux un responsable et avantier de ce fief qui payera annuellement, à la fête de la Saint-Martin, à M. le Bourguemaître les 9 fischelins et la redevance en argent. Si l'avantier faisait défaut, les consorts seraient tenus de payer le double au lendemain de dite fête.

Il est permis, selon les albergements précédents, à Messieurs les bourgeois de Sion, de couper dans le dit Rard impunément du bois pour leur usage.

Suivent encore les promesses faites sous serment d'observer tous les articles contenus dans l'acte d'albergement.

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Source : Histoire des Forêts - de Théodore Kuonen

Le besoin de se grouper en corporations paysannes pour exploiter des terres en commun remonte très haut dans le temps ; toutefois il n'apparaît dans les documents qu'à partir du XIIIe siècle. Les premiers statuts des communautés sont établis sous l'autorité des seigneurs féodaux. La tendance ira progressivement vers une indépendance grandissante à l'égard du régime féodal. La communauté se développe en recevant confirmation de ses us et coutumes, des premières libertés qu'elle a acquises, par l'octroi de nouvelles franchises pour arriver finalement au statut d'une commune bourgeoise et politique autonome.

En 1260, on établit les limites entre les terres épiscopales et savoyardes. La ligne de démarcation va du sommet de la montagne de Thyon, en ligne directe, jusqu'à Corbassière, et passe entre Miseriez et Bard. Veysonnaz se trouve ainsi à l'ouest de cette ligne, donc en dehors des terres épiscopales.

La démarcation enclave les fermes épiscopales de Miseriez et de Bard dans le territoire appartenant au comte de Savoie. Néanmoins, Veysonnaz est une seigneurie épiscopale dès 1204, inféodée à des familles nobles.

Un acte de 1377 atteste que Veysonnaz a ses prob'hommes et ses assemblées. L'assemblée des prob'hommes est encore attestée par un acte de 1414 concernant l'investiture de possessions adjugées par l'official de la cour de Sion. En 1441, un accord est conclu, entre l'évêque et les hommes de Veysonnaz, qui peut être résumé ainsi : "ceux de Veysonnaz promettent sur l'Evangile fidélité à l'évêque dont ils sont les sujets; ils reconnaissent sa juridiction spirituelle et temporelle. Les hommes jouiront de leurs coutumes; celles-ci sont confirmées. L'évêque promet de constituer un des leurs comme métrai de Veysonnaz. Veysonnaz remettra chaque année une perdrix à la fête de la Nativité. Les hommes ne pourront être cités en justice que devant l'évêque ou son vicaire. Ils payeront pour le droit acquis 10 livres mauriçoises.

En 1614, l'évêque confirme toutes les libertés accordées par ses prédécesseurs moyennant 4 livres mauriçoises et ordonne que la communauté lui remette annuellement une perdrix à la Fête de la Nativité.

La reconnaissance des hommes de tenir tous leurs biens meubles et immeubles de la mense épiscopale a lieu en 1682. L'évêque conserve ses droits jusqu'en 1798. Ils seront ensuite rachetés et Veysonnaz deviendra une commune politique libre".

En 1217, l'évêque accorde à la ville de Sion ses premiers statuts : les droits et les obligations des citoyens sont consignés. Lors du plaid de 1269, les citoyens de Sion, en présence de l'évêque, des chanoines, du vidomne et du major, établissent de nouveaux statuts. Dès lors, la voie vers une autonomie politique est ouverte. En 1339, l'évêque confirme les libertés acquises. Ces statuts sont ratifiés en 1433 par l'évêque. Dès lors, la ville jouit d'une véritable autonomie.

Dès 1312, nous trouvons des actes d'albergement, par la commune de Sion, d'une partie de la forêt de Thyon, dite le Rard, à des consorts de Veysonnaz; foret-alpine 2d'autres albergements ont lieu en 1317 et 1350. Les bourgeois se réservent cependant les «sapins (épicéas), aroles, larzes et vuargnes». Les redevances annuelles sont fixées dans les actes.

En 1644, une plainte est adressée à la commune de Sion au sujet de la négligence des gardes et de la non-observation des conditions d'albergement et des limites fixées, ceux de Veysonnaz s'avançant jusqu'à la Forêt de l'Evêque, soit à la source de la mense épiscopale.

En 1747, les conditions de l'albergement concédé à la communauté de Veysonnaz sont résumées :

  1. La communauté de Veysonnaz doit faire reconnaissance du pâturage du Rard moyennant 3 fichelins de seigle;
  2. Elle doit nommer des gardes pour surveiller tant les bois que le pâturage, afin que personne d'autre que les bourgeois et les consorts albergataires ne les utilise;
  3. La coupe des bois du Rard est autorisée, à teneur des reconnaissances antérieures, à des personnes privées et non à la communauté;
  4. Les albergataires ne peuvent pas céder ce droit;

seigleA teneur de cette reconnaissance, la communauté de Veysonnaz doit payer annuellement, outre les fichelins de seigle cités, 4 sols à la fête de la Saint-Martin.

Un autre acte d'albergement, daté de 1796, précise que le bail est conclu pour 29 ans. Le renouvellement en est fait en 1829 et en 1839. La location a dû être renouvelée encore, en 1847, après diverses réclamations de la part de Veysonnaz. La durée n'est pas indiquée dans l'acte.

Comme on ne trouve plus d'actes ou d'autres indications à ce sujet dans les pièces des procès de la ville de Sion avec l'alpage de Thyon, les communes des Agettes et de Salins, il faut admettre que cette tradition a pris fin vers 1847.

Le rapport sur les forêts de 1825, précise que tout le mas désigné sous le nom de Rard est albergé, depuis 1305, à ceux de Veysonnaz. La bourgeoisie de Sion réglementait l'exploitation dans les contrats d'albergement. Pourtant, elle avoue que la hache avide abat les plantes au fur et à mesure qu'elles poussent et que la chèvre détruit le rajeunissement.

Dans le contrat de bail de 1829, la Bourgeoisie fixe d'abord les limites et détermine ensuite les conditions liées à l'usage du mas. Seuls les communiers tenant feu à Veysonnaz pourront jouir du mas en question : chaque ménage fait sa demande annuelle de bois au conseil de Veysonnaz qui la transmet avant le 1er août à l'inspecteur des forêts de la Ville pour être soumise au conseil de Sion lequel jugera en dernier. Le Conseil de Veysonnaz présentera un membre de son corps au choix du conseil de la Ville pour être nommé sous-inspecteur. Ce dernier surveillera les gardes forestiers et marquera les plantes accordées au pied du tronc, procédera aux contrôles et fera rapport chaque année à l'inspecteur. Chaque billon devra porter la marque du ménage. Toute coupe doit être terminée au 1 janvier suivant.chevresplardon

Le conseil de Veysonnaz présente à celui de Sion des candidats aptes pour qu'il désigne deux gardes et les assermente. Ceux-ci doivent veiller à la conservation de la forêt et à l'exécution des conditions. Le salaire est payé par la commune de Veysonnaz.

Il est défendu de parcourir la forêt avec des chèvres; les bovins et les moutons peuvent être conduits là où les sapins et mélèzes sont hors de portée des morsures. Les bois taillis restent à libre disposition.

Le conseil de la Bourgeoisie se réserve la faculté d'accorder à ses bourgeois des bois du mas en question.

Il est défendu de saigner ou d'écorcer les mélèzes et sapins et d'ébrancher au-delà du tiers de la hauteur.

Le prix du bail était fixé à 15 fichelins, ancienne mesure de Sion, rendu au trésorier de la ville. Le bail durera jusqu'à la fin de 1839.

garde-boisEn 1835 un acte mentionne la nomination du garde forestier du Rard en vertu de l'admodiation, passée en 1829, de la forêt du Rard, faisant partie de la grande forêt de Thyon, à la commune de Veysonnaz laquelle avait présenté des candidats à ce poste.

Parmi ceux-ci, le conseil bourgeoisial a fait son choix et celui qui est désigné devra être assermenté par les juges des communes de Veysonnaz, de Salins et des Agettes. Il a comme mandat spécial de veiller à la conservation de la forêt et de faire observer les clauses énumérées dans l'acte de bail du 13 juillet 1829, en particulier la défense du parcours des chèvres et de tout autre bétail dans les rajeunissements, de saigner les mélèzes et les sapins, d'enlever l'écorce ou d'ébrancher les plantes au-delà d'un tiers de leur hauteur.

En 1840, Veysonnaz écrit aux Illustres Seigneurs du Conseil de la Ville et Commune de Sion pour leur demander de lui accorder un nouveau bail de la forêt du Rard, malgré les erreurs politiques commises les temps passés; elle s'engage à observer toutes les conditions pour conserver la forêt et assure la Bourgeoisie d'une reconnaissance éternelle.

La Bourgeoisie accordera un nouveau bail à partir du 1janvier 1842, mais qu'il faudra renouveler d'année en année. Elle fixe la taxe des bois de construction pour les communiers (2.- à 2,50 par plante), permet le ramassage du bois mort, soit tombant de vétusté, et de pâturer avec vaches, génisses et veaux à l'exclusion des moutons et des chèvres. Le prix annuel de location est de Fr. 35.- payable à la St-Martin.

Lors de ses albergements, la bourgeoisie de Sion ne manquait pas de veiller à la conservation de sa forêt. Elle publia, en 1756, une défense d'user du «jeune taille» en la Chiffausa pour favoriser la croissance des bois. En 1758, on trouve cependant les troupeaux de chèvres de Veysonnaz dans les jeunes forêts. La bourgeoisie donne l'ordre au garde de saisir les animaux et de faire payer les dommages. Le patrimonial rapporte, en 1765, que ceux de Veysonnaz coupent du bois dans la forêt bourgeoisiale jusqu'à la Trabanta, en se prévalant de leur acte d'albergement.

 

Extrait de la traduction française de l'acte d'albergement à des consorts de Veysonnaz, en 1404, d'une portion de terre et forêt de la ville de Sion en Tyon.

Renouvellement de bail du 13.07.1829 du mas de forêt nommé Rard, appartenant à la bourgeoisie de Sion. (pdf volumineux...)

Source : Histoire des Forêts - de Théodore Kuonen

Le besoin de se grouper en corporations paysannes pour exploiter des terres en commun remonte peut-être très haut dans le temps ; toutefois il n'apparaît dans les documents qu'à partir du XIIIe siècle. Les premiers statuts des communautés sont établis sous l'autorité des seigneurs féodaux. La tendance ira progressivement vers une indépendance grandissante à l'égard du régime féodal. La communauté se développe en recevant confirmation de ses us et coutumes, des premières libertés qu'elle a acquises, par l'octroi de nouvelles franchises pour arriver finalement au statut d'une commune bourgeoise et politique autonome.

Rive gauche du Rhône

 

La communauté de Veysonnaz


En 1260, on établit les limites entre les terres épiscopales et savoyardes. La ligne de démarcation va du sommet de la montagne de Tion, en ligne directe, jusqu'à Corbassière, et passe entre Miseriez et Bard. Veysonnaz se trouve ainsi à l'ouest de cette ligne, donc en dehors des terres épiscopales.

La démarcation enclave les fermes épiscopales de Miseriez et de Bard dans le territoire appartenant au comte de Savoie89.

Néanmoins, Veysonnaz est une seigneurie épiscopale dès 1204, inféodée à des familles nobles.

Un acte de 1377 atteste que Veysonnaz a ses prob'hommes et ses assemblées. L'assemblée des prob'hommes est encore attestée par un acte de 1414 concernant l'investiture de possessions adjugées par l'official de la cour de Sion. En 1441, un accord est conclu, entre l'évêque et les hommes de Veysonnaz, qui peut être résumé ainsi : ceux de Veysonnaz promettent sur l'Evangile fidélité à l'évêque dont ils sont les sujets; ils reconnaissent sa juridiction spirituelle et temporelle. Les hommes jouiront de leurs coutumes; celles-ci sont confirmées. L'évêque promet de constituer un des leurs comme métrai de Veysonnaz. Veysonnaz remettra chaque année une perdrix à la fête de la Nativité. Les hommes ne pourront être cités en justice que devant l'évêque ou son vicaire. Ils payeront pour le droit acquis 10 livres mauriçoises.

En 1614, l'évêque confirme toutes les libertés accordées par ses prédécesseurs moyennant 4 livres mauriçoises et ordonne que la communauté lui remette annuellement une perdrix à la Fête de la Nativité.

La reconnaissance des hommes de tenir tous leurs biens meubles et immeubles de la mense épiscopale a lieu en 168292.

L'évêque conserve ses droits jusqu'en 1798. Ils seront ensuite rachetés et Veysonnaz deviendra une commune politique libre.

La ville de Sion et ses relations avec les communautés avoisinantes de la rive gauche.

En 1217, l'évêque accorde à la ville de Sion ses premiers statuts : les droits et les obligations des citoyens sont consignés.

Lors du plaid de 1269, les citoyens de Sion, en présence de l'évêque, des chanoines, du vidomne et du major, établissent de nouveaux statuts. Dès lors, la voie vers une autonomie politique est ouverte.

En 1339, l'évêque confirme les libertés acquises :

Les citoyens ont le droit de se constituer en communauté, d'avoir des biens communs, de nommer des procureurs, des consuls, des syndics pour les administrer, d'établir des statuts pour la communauté sans l'intervention de l'autorité épiscopale et sans même avoir été convoqués par celle-ci. L'organisation communale se réalise. Le plaid, convoqué deux fois l'an par le vidomne épiscopal, sur la place de la cathédrale ou devant l'église Saint-Théodule, est présidé par deux syndics.

En 1414, les notaires publics, syndics, procureurs, conseillers et les délégués de la commune sont rassemblés devant la porte de la cathédrale pour établir les statuts et ordonnances d'utilité publique. Il s'agit spécialement de règlements de police (curage de la Sionne, entretien des digues, aide en cas d'inondation, arrosages, salubrité publique, pâturages). Ces statuts sont confirmés en 1433 par l'évêque.

Dès lors, la ville jouit d'une véritable autonomie.

Les arrêtés

Dans la charte de 1269 déjà citée, l'évêque, le vidomne, le major, le sautier et les citoyens de Sion, réunis en plaid général, statuent, quant aux forêts, que si un citoyen de Sion, dans le but de construire, demande du bois de la forêt de Tyon, on doit élire huit hommes qui jugeront du bien-fondé de cette requête. Après leur vision locale et leur prononcé, les gardes forestiers, sous la foi du serment prêté, montreront au demandeur l'endroit où il devra couper ses bois avec le moins de dommage.

Pour ce qui concerne les coupes de bois dans la forêt de Thyon, la commune de Sion décide, en 1528, que si les procureurs constatent des coupes effectuées sans l'autorisation du conseil, ils doivent sortir le bois de la forêt et le descendre jusqu'à Champsec où l'on examinera ce qu'il faut en faire.

La même année, l'assemblée désigne les procureurs des forêts, des îles et des pâturages communs (comme déjà en 1515). Le banneret fonctionne comme conservateur des forêts et des prés.

Mentionnée pour la première fois dans la charte de 1269, la forêt de Thyon a fait l'objet de nombreux litiges avec les communes voisines. Nous avons déjà relaté les difficultés au sujet des pâturages et des eaux. Dès le début du XVIe siècle, la situation a dû s'aggraver, à tel point que l'évêque Mathieu Schiner a mis, en 1516, à l'instance du notaire Michel Rumerii, procureur de la commune de Sion, une barre générale sur tous les biens communaux situés sur territoire sédunois, jouxtant les pâturages communs et les terres de la communauté de Vex et des Agettes ainsi que celles de Bramois, à l'est, les biens communs et les terres de Nendaz et de Veysonnaz, à l'ouest, et compris entre les terres de la montagne de Thyon et de Vex et le Rhône, au nord.

Le besoin de se grouper en corporations paysannes pour exploiter des terres en commun remonte peut-être très haut dans le temps ; toutefois il n'apparaît dans les documents qu'à partir du XIIIe siècle. Les premiers statuts des communautés sont établis sous l'autorité des seigneurs féodaux. La tendance ira progressivement vers une indépendance grandissante à l'égard du régime féodal. La communauté se développe en recevant confirmation de ses us et coutumes, des premières libertés qu'elle a acquises, par l'octroi de nouvelles franchises pour arriver finalement au statut d'une commune bourgeoise et politique autonome.

Rive gauche du Rhône

La communauté de Veysonnaz

En 1260, on établit les limites entre les terres épiscopales et savoyardes. La ligne de démarcation va du sommet de la montagne de Tion, en ligne directe, jusqu'à Corbassière, et passe entre Miseriez et Bard. Veysonnaz se trouve ainsi à l'ouest de cette ligne, donc en dehors des terres épiscopales.

 

La démarcation enclave les fermes épiscopales de Miseriez et de Bard dans le territoire appartenant au comte de Savoie89.

Néanmoins, Veysonnaz est une seigneurie épiscopale dès 1204, inféodée à des familles nobles.

 

Un acte de 1377 atteste que Veysonnaz a ses prob'hommes et ses assemblées. L'assemblée des prob'hommes est encore attestée par un acte de 1414 concernant l'investiture de possessions adjugées par l'official de la cour de Sion. En 1441, un accord est conclu, entre l'évêque et les hommes de Veysonnaz, qui peut être résumé ainsi : ceux de Veysonnaz promettent sur l'Evangile fidélité à l'évêque dont ils sont les sujets; ils reconnaissent sa juridiction spirituelle et temporelle. Les hommes jouiront de leurs coutumes; celles-ci sont confirmées. L'évêque promet de constituer un des leurs comme métrai de Veysonnaz. Veysonnaz remettra chaque année une perdrix à la fête de la Nativité. Les hommes ne pourront être cités en justice que devant l'évêque ou son vicaire. Ils payeront pour le droit acquis 10 livres mauriçoises.

En 1614, l'évêque confirme toutes les libertés accordées par ses prédécesseurs moyennant 4 livres mauriçoises et ordonne que la communauté lui remette annuellement une perdrix à la Fête de la Nativité.

La reconnaissance des hommes de tenir tous leurs biens meubles et immeubles de la mense épiscopale a lieu en 168292.

L'évêque conserve ses droits jusqu'en 1798. Ils seront ensuite rachetés et Veysonnaz deviendra une commune politique libre.

 

La ville de Sion et ses relations avec les communautés avoisinantes de la rive gauche.

En 1217, l'évêque accorde à la ville de Sion ses premiers statuts : les droits et les obligations des citoyens sont consignés.

Lors du plaid de 1269, les citoyens de Sion, en présence de l'évêque, des chanoines, du vidomne et du major, établissent de nouveaux statuts. Dès lors, la voie vers une autonomie politique est ouverte.

En 1339, l'évêque confirme les libertés acquises :

Les citoyens ont le droit de se constituer en communauté, d'avoir des biens communs, de nommer des procureurs, des consuls, des syndics pour les administrer, d'établir des statuts pour la communauté sans l'intervention de l'autorité épiscopale et sans même avoir été convoqués par celle-ci. L'organisation communale se réalise. Le plaid, convoqué deux fois l'an par le vidomne épiscopal, sur la place de la cathédrale ou devant l'église Saint-Théodule, est présidé par deux syndics.

En 1414, les notaires publics, syndics, procureurs, conseillers et les délégués de la commune sont rassemblés devant la porte de la cathédrale pour établir les statuts et ordonnances d'utilité publique. Il s'agit spécialement de règlements de police (curage de la Sionne, entretien des digues, aide en cas d'inondation, arrosages, salubrité publique, pâturages). Ces statuts sont confirmés en 1433 par l'évêque.

Dès lors, la ville jouit d'une véritable autonomie.

 

Les arrêtés

Dans la charte de 1269 déjà citée, l’évêque, le vidomne, le major, le sautier et les citoyens de Sion, réunis en plaid général, statuent, quant aux forêts, que si un citoyen de Sion, dans le but de construire, demande du bois de la forêt de Tyon, on doit élire huit hommes qui jugeront du bien-fondé de cette requête. Après leur vision locale et leur prononcé, les gardes forestiers, sous la foi du serment prêté, montreront au demandeur l'endroit où il devra couper ses bois avec le moins de dommage.

 

Pour ce qui concerne les coupes de bois dans la forêt de Thyon, la commune de Sion décide, en 1528, que si les procureurs constatent des coupes effectuées sans l'autorisation du conseil, ils doivent sortir le bois de la forêt et le descendre jusqu'à Champsec où l'on examinera ce qu'il faut en faire.

 

La même année, l'assemblée désigne les procureurs des forêts, des îles et des pâturages communs (comme déjà en 1515). Le banneret fonctionne comme conservateur des forêts et des prés.

Mentionnée pour la première fois dans la charte de 1269, la forêt de Thyon a fait l'objet de nombreux litiges avec les communes voisines. Nous avons déjà relaté les difficultés au sujet des pâturages et des eaux. Dès le début du XVIe siècle, la situation a dû s'aggraver, à tel point que l'évêque Mathieu Schiner a mis, en 1516, à l'instance du notaire Michel Rumerii, procureur de la commune de Sion, une barre générale sur tous les biens communaux situés sur territoire sédunois, jouxtant les pâturages communs et les terres de la communauté de Vex et des Agettes ainsi que celles de Bramois, à l'est, les biens communs et les terres de Nendaz et de Veysonnaz, à l'ouest, et compris entre les terres de la montagne de Thyon et de Vex et le Rhône, au nord.

droits feodaux

Source : Histoire des Forêts - Théodore Kuonen

Comme pour les pâturages, les chartes valaisannes du Moyen-Age mentionnent des forêts cédées par les seigneurs féodaux à des communautés, à des groupes de particuliers, à de nobles vassaux. Ces derniers les inféodent ou les albergent à leurs propres sujets.droits feodaux 2

Ce sont l'Evêque, le Chapitre, l'Abbaye de St-Maurice, l'Hospice du Grand-Saint-Bernard, le Comte de Savoie, les grandes familles nobles possédant des francs-alleux et le haut-domaine qui en disposent à leur gré.

Après en avoir reçu la jouissance, les bénéficiaires en deviendront petit-à-petit propriétaires uniques, par affranchissements successifs, par donations ou par ventes.

Durant bien longtemps, ce n'est pas la forêt qui est l'objet principal des préoccupations des paysans, ce sont les pâturages. Les bois abondants représentent plutôt un obstacle à l'extension des cultures; les premières chartes, ne font pas allusion à la fonction protectrice de la forêt.

L'évêque de Sion, souverain spirituel et temporel, dispose, de la jouissance directe des forêts, comme celle de Thourins à Sallens (1250), du Bois de Finges (1338), de Ziffeusa sur Les Agettes (1375), de Pouta Fontana (1585) et de bien d'autres encore.

Dans le Valais épiscopal, les communautés tenaient leurs biens communs, forêts et pâturages, en grande partie directement de l'évêque. Les droits se faisaient valoir de différentes manières. Les officiers de l'évêque et du Chapitre, les vidomnes, les majors, possédaient dans leur juridiction, au même titre que les pâturages, les forêts en fief, pour lesquelles ils devaient l'hommage-lige et des redevances. De l'évêque, les droits sur les hommes, les domaines, les dîmes pouvaient aller à des familles nobles qui les tenaient alors en fief. Ces droits passaient d'une famille noble à l'autre. Avec le temps, ces fiefs se morcelaient et se partageaient au sein des familles apparentées par alliances et arrivaient finalement, par ventes ou cessions, à de simples particuliers.

Certaines familles nobles possédaient des domaines en franc-alleu et en disposaient ainsi à leur gré.Organisation féodale

En 1339, Johannod de la Tour, donzel, prête hommage à l'évêque de Sion et reconnait en tant qu'homme-lige, tenir en fief de l'évêque les possessions sur territoire des Agettes depuis les limites de Vex jusqu'à Veysonnaz.

Jacques de Gessenay, donzel, vend, en 1340, à Johannod de la Tour le fief qu'il tient de l'évêque aux Agettes, à Sallens et à Tions.

Dans le Valais savoyard, c'est le seigneur comte qui inféodait les domaines à ses vassaux.

Les forêts, en tant que bien commun, ont passé, au même titre que les pâturages, des seigneurs ecclésiastiques et laïcs et de leurs vassaux aux communautés paysannes et à des consortages qui pouvaient en jouir, voire en alberger une partie avec le consentement du seigneur.

On constate par exemple que des citoyens de Sion, quelques années après qu'on trouve la forêt de Thyon dans leurs mains (1269), albergent, en 1312, une partie de celle-ci à des hommes de Veysonnaz. On ne trouve pas dans l'acte une réserve à l'intention de l'évêque.

Sion alberge, en 1648, à ceux de Salins la coupe de bois morts dans la forêt de Thyon, à proximité de celle albergée à ceux de Veysonnaz, moyennant trois fichelins de seigle annuellement.

Les communautés paysannes, les communes, les consortages vont établir des règlements relatifs à la jouissance et à la protection de leurs forêts. Toutefois les chartes qui se réfèrent uniquement à la réglementation forestière avant les XVe et XVIe siècles sont rares. Les arrêtés des consortages d'alpage contiennent peu d'indications sur les bois et forêts : les consorts revendiquent d'abord le droit de couper les bois nécessaires à l'exploitation des alpages.