Source : Histoire des Forêts - Théodore Kuonen
Comme pour les pâturages, les chartes valaisannes du Moyen-Age mentionnent des forêts cédées par les seigneurs féodaux à des communautés, à des groupes de particuliers, à de nobles vassaux. Ces derniers les inféodent ou les albergent à leurs propres sujets.
Ce sont l'Evêque, le Chapitre, l'Abbaye de St-Maurice, l'Hospice du Grand-Saint-Bernard, le Comte de Savoie, les grandes familles nobles possédant des francs-alleux et le haut-domaine qui en disposent à leur gré.
Après en avoir reçu la jouissance, les bénéficiaires en deviendront petit-à-petit propriétaires uniques, par affranchissements successifs, par donations ou par ventes.
Durant bien longtemps, ce n'est pas la forêt qui est l'objet principal des préoccupations des paysans, ce sont les pâturages. Les bois abondants représentent plutôt un obstacle à l'extension des cultures; les premières chartes, ne font pas allusion à la fonction protectrice de la forêt.
L'évêque de Sion, souverain spirituel et temporel, dispose, de la jouissance directe des forêts, comme celle de Thourins à Sallens (1250), du Bois de Finges (1338), de Ziffeusa sur Les Agettes (1375), de Pouta Fontana (1585) et de bien d'autres encore.
Dans le Valais épiscopal, les communautés tenaient leurs biens communs, forêts et pâturages, en grande partie directement de l'évêque. Les droits se faisaient valoir de différentes manières. Les officiers de l'évêque et du Chapitre, les vidomnes, les majors, possédaient dans leur juridiction, au même titre que les pâturages, les forêts en fief, pour lesquelles ils devaient l'hommage-lige et des redevances. De l'évêque, les droits sur les hommes, les domaines, les dîmes pouvaient aller à des familles nobles qui les tenaient alors en fief. Ces droits passaient d'une famille noble à l'autre. Avec le temps, ces fiefs se morcelaient et se partageaient au sein des familles apparentées par alliances et arrivaient finalement, par ventes ou cessions, à de simples particuliers.
Certaines familles nobles possédaient des domaines en franc-alleu et en disposaient ainsi à leur gré.
En 1339, Johannod de la Tour, donzel, prête hommage à l'évêque de Sion et reconnait en tant qu'homme-lige, tenir en fief de l'évêque les possessions sur territoire des Agettes depuis les limites de Vex jusqu'à Veysonnaz.
Jacques de Gessenay, donzel, vend, en 1340, à Johannod de la Tour le fief qu'il tient de l'évêque aux Agettes, à Sallens et à Tions.
Dans le Valais savoyard, c'est le seigneur comte qui inféodait les domaines à ses vassaux.
Les forêts, en tant que bien commun, ont passé, au même titre que les pâturages, des seigneurs ecclésiastiques et laïcs et de leurs vassaux aux communautés paysannes et à des consortages qui pouvaient en jouir, voire en alberger une partie avec le consentement du seigneur.
On constate par exemple que des citoyens de Sion, quelques années après qu'on trouve la forêt de Thyon dans leurs mains (1269), albergent, en 1312, une partie de celle-ci à des hommes de Veysonnaz. On ne trouve pas dans l'acte une réserve à l'intention de l'évêque.
Sion alberge, en 1648, à ceux de Salins la coupe de bois morts dans la forêt de Thyon, à proximité de celle albergée à ceux de Veysonnaz, moyennant trois fichelins de seigle annuellement.
Les communautés paysannes, les communes, les consortages vont établir des règlements relatifs à la jouissance et à la protection de leurs forêts. Toutefois les chartes qui se réfèrent uniquement à la réglementation forestière avant les XVe et XVIe siècles sont rares. Les arrêtés des consortages d'alpage contiennent peu d'indications sur les bois et forêts : les consorts revendiquent d'abord le droit de couper les bois nécessaires à l'exploitation des alpages.