Issu de l’histoire et composé par l’homme, l’espace valaisan est donc aussi un espace social fondé sur des structures stables dans le temps. Dès lors, les innovations récentes, même spectaculaires, se superposent plus qu’elles ne se substituent aux anciennes. À ce titre, l’exemple de la pluriactivité, qui a en partie permis le maintien d’une agriculture de montagne, est des plus symptomatiques. Elle s’est généralisée dès les années 1945, avec, dans un premier temps, la construction des barrages puis, très vite, l’extension et l’amélioration du réseau routier. Cela a rendu beaucoup plus facile l’accès à la plaine ou aux stations touristiques. Ainsi, les paysans ont pu progressivement pratiquer une double activité: celle d’agriculteur, devenue accessoire mais rendue possible grâce au soutien essentiel des familles, et celle d’ouvrier en plaine ou d’employé dans les secteurs touristiques de montagne (notamment dans l’hôtellerie, le commerce, les remontées mécaniques ou encore les cours de ski). De même, les vieilles structures agraires, n’ont pas totalement disparu. Elles ont été en fait redéfinies, réadaptées aux nouvelles exigences de la pluriactivité, seule garante du maintien de certaines exploitations devenues non rentables. Cette pratique, aujourd’hui généralisée en Valais, touche le 85% des exploitations agricoles.
Le premier des deux schémas ci-haut montre les anciennes pratiques de transhumance, telles qu’on pouvait les rencontrer autrefois en Valais. Elles se caractérisaient par un mouvement saisonnier des familles et du bétail, entre le village, les mayens et les alpages d’altitude, en fonction des époques de pâture, de fenaison ou de récoltes. Si la montée à l’alpage (inalpe) du mois de juin et la désalpe de fin septembre se font encore aujourd’hui pour le bétail, les familles par contre restent le plus souvent au village.
Le second schéma donne, pour sa part, l’horaire de travail du paysan-ouvrier qui, quotidiennement, descend en plaine pour travailler (soit en usine, soit, et c’est de plus en plus le cas, comme employé dans le secteur des services). Devenue activité accessoire, l’agriculture de montagne peut donc continuer à subsister.
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