combat du trientLutte entre conservateurs, libéraux et radicaux (1815-1848)

Quelques lignes d'histoire pour préciser un article de presse tiré du journal « L'Echo des Alpes » du 16 avril 1840, retraçant notamment une expédition armée du 29 mars courant, entre Nendaz – Veysonnaz et Les Haudères, opposant hauts et bas valaisans, malgré leur appartenance à la Confédération et l'établissement récent d'une constitution le 03 août 1839.

« Après l'adoption de la Constitution cantonale de 1815, les tensions entre les anciens dizains sujets, libéraux voire radicaux, et les dizains du Haut, conservateurs, ne cessèrent pas.

De plus, la situation sociale n'est pas bonne : non seulement dix-sept ans de troubles ont appauvri le canton (disette, mauvaise récoltes, entretien des troupes étrangères, levée de troupes), mais les récoltes de 1816 et 1817 sont mauvaises et entraînent de sévères disettes ; la malaria est endémique.

Le nombre de pauvres augmente et les mendiants sont nombreux. Le gouvernement doit légiférer et publie une loi sur la mendicité en 1827. L'augmentation des délits contre les biens, vols de nourriture, de vêtements et d'outils entre 1816 et 1839 est un autre témoin de la dégradation de la situation. Un début d'industrialisation a lieu, mais les ouvriers restent peu nombreux et sujets aux aléas économiques. Si le service mercenaire a un certain succès, seules quelques dizaines de Valaisans embarquent pour le Nouveau Monde, l'émigration restant limitée.

La Diète publie en 1826 une nouvelle loi électorale, la loi organique du 20 mai 1826, qui institue un nouveau corps dans les dizains, le Conseil communal chargé, entre autres, d'élire le Conseil du dizain, lui-même chargé nommant depuis 1815 les représentants locaux à la Diète. Ce niveau supplémentaire détache encore plus les citoyens des dizains de ceux qui prennent les décisions. Dès 1831, le mécontentement se transforme en rébellion dans le Bas-Valais. Le mouvement est désorganisé, et tant les libéraux que les conservateurs ne désirant pas de bouleversement, il aboutit à une simple retouche de la loi organique permettant aux nouvelles classes libérales qui ont fait leur apparition, avocats, notaires et officiers, d'accéder à des charges politiques.

En 1833, la consultation sur la révision du Pacte fédéral de 1815 dont la nouvelle version prévoit un pouvoir central fort, ravive les divisions entre le Haut et le Bas. Le 11 avril, une bagarre entre partisans et adversaires du nouveau pacte a lieu à Martigny. Le Haut, majoritaire à la Diète, l'emporte politiquement. Les forces du Bas, réformistes et unies pour la première fois, désirent une révision de la constitution cantonale. Leur pétition de 1834 est rejetée.

Les députés du Haut-Valais quittent la Diète en 1839 et mettent en place un second gouvernement à Sierre. La même année, l'épisode de la guerre du Fromage témoigne également des tensions.bas valais

Deux nouvelles constitutions sont adoptées en 1839. La première le 30 janvier, la seconde le 30 août. La Diète est renommée en Grand Conseil, chaque dizain envoyant un nombre de députés proportionnels à sa population. Ceux-ci sont nommés par le Conseil de dizain, ce qui en fait un système d'élection à deux degrés. Le titre de Grand Bailli est aboli et chaque corps de l'État, le Conseil d'État pour l'exécutif et le Grand Conseil pour le législatif, à nouveau séparés, comme en 1802 ont chacun un président.

En 1840 le canton est sur le point de se diviser en deux demi-cantons ; Guillaume de Kalbermatten commandant de la garnison de Sion l'empêche. À la tête des troupes de la Vieille Suisse, il bat les conjurés de la Jeune Suisse lors du combat du Trient en 1844. Plusieurs conjurés, dont Maurice Barman, doivent s'exiler. Une nouvelle constitution est finalement ratifiée par le peuple la même année.

Une nouvelle constitution est adoptée le 14 septembre 1844. C'est le triomphe des idées conservatrices.

En 1845, le Valais rejoint les cantons catholiques membres du Sonderbund, créé en 1844. Peu après l'ordre de dissolution de l'alliance décidée par la Diète fédérale, alors que la guerre semble inévitable, Guillaume de Kalbermatten est pressenti pour commander les troupes de l'ensemble du Sonderbund, il refuse cette distinction et se contenta du commandement des troupes valaisannes. Néanmoins, le canton se rendit sans combattre en 1847 lors de l'arrivée des troupes fédérales commandées par le général Dufour. Le 30 novembre, 2000 citoyens valaisans, réunis sur la place de la Planta à Sion destituent le gouvernement ; ils instaurent également des lois visant à diminuer l'influence des prélats catholiques sur la politique. Ainsi les Jésuites sont expulsés, le cumul de mandats religieux et civils est interdit et l'instruction publique est confiée à l'État. Les relations entre l'Église et l'État se normaliseront progressivement avec l'accession d'Alexis Allet au gouvernement cantonal, puis avec la nomination de l'évêque Adrien VI Jardinier en 1875 : un arrangement définitif est finalement signé en 1879. »