La Combyre avait toujours un nombre de bestiaux supérieur à ceux de la Meinaz. Les droits représentaient une masse de 320 droits de fonds (cuillerées). A la Combyre l’usage voulait qu'un consort pouvait alper tout son bétail, sans restriction ou location de droit. Ce principe permettait une haute occupation de l'alpage et réduisait les frais d'estivage. Les corvées fixées au prorata des têtes de bétail, favorisaient le bon entretien de l'alpage. A la suite d'échange de terrains avec la bourgeoisie de Nendaz, la Combyre s’est agrandie, dans de bonnes conditions, en amont des mayens de Seronde Nue et d’Estracs.
La Meinaz plus modeste n’offrait que 272 droits de fonds. Elle avait une capacité d'estivage de 100 vaches et 72 génissons. Cette charge était relativement lourde et l’on devait limiter les effectifs en fonction du nombre de jours d'estivage et des frais inhérents. Certains alléguaient que la Meinaz était plus exposée aux vents que sa voisine la Combyre et que cela affectait négativement sa productivité et sa rentabilité.
Avant 1922, chaque propriétaire désireux de posséder des abris acceptables pour leur bétail pouvait les construire, en utilisant les matériaux exploités sur place: Bois, pierres, dalles et bardeaux. Dans certaines régions ces bâtisses se regroupaient et pouvaient ressembler à un village de montagne construit autour du parc collectif. Ce mode de construction fit bien vite place aux étables collectives. Lorsqu'il s'agissait d'augmenter la productivité et faciliter le travail, toute innovation était bienvenue. A cette époque-là alper avant ses voisins et désalper après eux était une bénédiction et un honneur que l'on n’avait pas envie de partager.
Les étables de Meinaz, inaugurées en 1924, ont demandé 2 années de travail. Une partie des travaux ont été confiés aux entreprises Bornet et Dayer de Nendaz ; la toiture a été mise en place par le consortage. Un groupement de propriétaires a exécuté ces travaux et le fruit de leur activité a permis de réduire d'autant les charges de construction pesant sur leurs droits respectifs. Les arbres choisis pour la couverture ont été exploités et transformés sur place. La création des chalets de Meinaz ont pesé relativement lourd sur les budgets des consorts et ont provoqué des dépenses, par droits de fonds, de Fr. 105.-, plus 4 corvées. On serait aujourd’hui bien surpris des coûts indexés d’une telle entreprise.
Le plan d'ensemble des étables de Combyre, avec une fromagerie incorporée au centre, facilitait grandement la traite et le transport du lait à la chaudière. D'une capacité de 240 places les écuries ont coûté Fr. 27.- par droit de fonds. Construites avant la guerre de 1914, avec des subventions plus importantes et un prix de la main d'œuvre plus bas, ces bâtisses ont été réalisées à bien moindre coûts que ceux de Meinaz.
Ces réalisations ont donné lieu à bien des tiraillements au sein de chacun des consortages. Elles furent cependant bien vite appréciées par les employés, par les propriétaires et n’ont finalement présenté que des avantages pour la gestion du bétail, plus particulièrement au moment des grands orages ou lors de précoces chutes de neige.
Anciennement, par souci sanitaire et de productivité, la désalpe se faisait à date fixe. Le mesurage du lait s'effectuait deux fois seulement par saison. Le surlendemain de l'inalpe lors d’une seule traite à 11 heures. Chaque paysan trayait ses vaches la veille. Les contrôleurs vérifiaient que les mamelles soient bien vides. Le second mesurage avait lieu le 10 août à la St-Laurent. Les résultats étaient consignés sur un registre.
La production en fromage était divisée en lot de 100 kg ou 200 livres appelés « mierraz ». Pour la Meinaz la plus haute production a été de 27 mierraz, soit 5400 livres. Un lot de 100 kg représentait 15 à 16 pièces, parfois moins. Les fromages étaient attribués par tirage au sort. Ils provenaient de lots multiples; ils étaient regroupés en fonction de leur masse; il y avait des fromages gras, marqués d’une étoile, et des mi-gras. Ils étaient remis à leur propriétaire selon leur droit et après un calcul résultant des mesurages. Ces répartitions ont été parfois l’occasion de tiraillements et de contestations. C’était aussi le lieu de réjouissances et de grandes satisfactions. Bien souvent, ces journées se clôturaient par de grandes beuveries et des rentrées mémorables à domicile.
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