Abatis : emplacement d'une ancienne coupe de bois.
Aisseman: fraction d'herbage, de fonds d'alpage mis au libre-usage de l'ayant-droit.
Alauda : mélèze (ce mot est la traduction latine de l'allemand « Lerche » [alouette] qui se prononce comme «Làrche» [mélèze].
Alberger: donner en location. L'albergement est un contrat de location médiéval; le locataire [albergataire] verse une «introge», sorte de droit d'entrée, en espèces, lorsqu'il prend possession du bien (immeuble), puis il verse un «servis» ou «service» [servicium] annuel en nature ou en espèces.
Alleu: terre libre de toute redevance féodale.
Amapa: enlever les feuilles vertes des branches pour nourrir les bêtes (aussi: defoyer).
Amodier: donner en location, notamment un alpage. L'amodiation est un contrat de location médiéval pratiqué à l'origine pour les terres agricoles. L'amodiataire [locataire] versait au propriétaire du bien une redevance le plus souvent en nature.
Anan: aulne (ou «verne»).
Autannes, audannes, eautannes, oudannes: pâturage d'altitude du mois d'août.
Ar: pâturage alpestre (vient du mot «alpe»).
Arboine, arbène: lagopède alpin, perdrix blanche.
Argosse: argousier.
Arpiezoz: portion de fromage, beurre, crème, distribuée à l'alpage à la mi-été.
Arser: débroussailler par le feu (du latin arderé).
Arrapuire: débris de foin à ramasser sur les prés une fois les bottes faites (glânures).
Aulne : ancienne mesure de longueur, variable selon les régions ; également : règle pour mesurer la longueur.
Avan: saule, osier rouge.
Baliveau: arbre laissé en réserve dans une coupe de bois pour obtenir de la semence.
Bambanne: scie de long, scie à cadre pour refendre à la main un tronc d'arbre monté sur un chevalet.
Ban: amende (du latin bannum) ; par extension : forêt mise à défend de coupe ; également: pâturage qui sera ouvert au parcours lors de la «debandia» [levée du ban].
Barrière: digue le long d'un cours d'eau.
Bazot: conduite d'eau, chenal.
Bercles: clôture, haie (vient probablement de perche [percula].
Berre: petit traîneau composé de deux branches (le «sede») sur lequel on charge du petit bois pour être transporté à la traîne.
Bey, by: bisse.
Bichet : mesure de capacité de grains valant un demi-fichelin (un fichelin de Sion = 27 litres).
Biolle: bouleau. Bouillet: cuisson.
Bourlatin ; bulletin : une quantité d'eau d'arrosage du débit total en fonction du temps et de la surface à arroser.
Bourneau, bornel: conduite d'eau en bois.
Boutzet : petite pièce de bois, traverse sur laquelle repose le conduit d'eau.
Buyl: creux.
Capota: charpenter.
Cassita: mélèze.
Cens: redevance féodale annuelle due au seigneur pour la tenure, c'est-à-dire la terre qu'il concède au censitaire (locataire).
Cercler: entourer d'un cercle, d'un lien, un ustensile, un tonneau. Cerner : pratiquer une entaille circulaire sur un arbre pour le faire sécher. Cerney, cernet: forêt défrichée, pâturage entouré d'une barrière. Châble, chabloz: dévaloir.
Chablis: arbres tombés de vétusté, abattus par le vent, brisés par la neige, ou encore secs sur pied.
Challe, challet, tsalet: herbage dans les environs des abris d'alpage.
Champ d'envernuze: champ semé de blé en automne.
Champ somoroz : champ en jachère.
Chanton: monticule, épaulement; chemin.
Chargiour, chargeur: lieu de chargement (au pied des alpages du val des Dix).
Chargosse: attelage à deux roues sur l'essieu desquelles est monté le «cussin» mobile. Sur ce dernier sont fixés les billons ou les brancards traînant à l'arrière sur le sol et portant la charge ; aussi : sorte de luge ou charrette à deux roues et à trait d'homme ; aussi : véhicule dont une partie comme char et l'autre comme traîneau.
Chaux, la-Chan, Châ: haut pâturage, près des sommets.
Chevuaz (le jour de) : veille du jour du mesurage du lait à l'alpage ; jour des corvées à l'alpage.
Chiaz, chaz, tsa: arrête de montagne.
Chiesso: étage intermédiaire de l'alpage, séjour principal.
Chintre : voir Tsintre.
Chiseria, chesière : endroit séparé dans un alpage où l'on fabriquait le fromage ; voir aussi Tsijiore.
Chotte, chotaz, sottaz: abri, étable pour le bétail formé par des piliers (colonnes) et un toit provisoire en planches.
Clame: plainte judiciaire.
Colayeur : celui qui descend les sacs de charbon, et notamment dans un couloir, sur une rize en bois.
Coluire, colluyre, couluire: terrain en forte pente, raviné.
Comanda (animaux pris «a comanda») : animaux pris en charge à l'alpage pour le compte d'un autre.
Corvée : exécution d'un nombre de journées de travail fixées selon les coutumes ou les besoins dans l'intérêt d'une cause commune.
Coudrais, coudrier: noisetier.
Cretta, crêtaz, crista; crête, arrête de montagne.
Crou, croset: creux.
Cuillerée : la plus petite unité de mesure du lait à l'alpage. La charge de l'alpage était fixée en nombre de cuillerées ; un certain nombre de «cuillerées» déterminent un droit de vache.
Cussin : poutre horizontale (traverse) de décharge servant d'assise à une construction en bois et notamment à la construction d'un pont (aussi: pulvinar).
Daille, dalie = pin sylvestre.
Debandia: levée du ban (interdiction) pour la pâture des prairies.
Denâ, dinâ, dinna: pâture d'un troupeau, en général le matin (pâture du soir = cena, scinna).
Derbeczo: petits sapins ou pins (pour pins aussi: darbé, derbi).
Dez, dex, dy: ramilles vertes employées comme litière et fourrage du bétail.
Douve : arrière-bord parallèle à la barrière d'endiguement.
Droit régalien: droit inhérent à la royauté, à la souveraineté.
Dzeu, dzour, dzô: forêt (voir leur).
Echer, essert, essart: terrain défriché (faire Pécher pour le semer: débroussailler). A l'origine de nombreux toponymes: Essertse, Les Essertys, Esserts, Issert, Escherchiz, Escherché.
Echute : héritage, succession. Droit du seigneur à reprendre les biens d'un défunt n'ayant pas la capacité juridique de disposer de ses biens (par exemple un non-libre).
Ecotta: ébrancher pour bois, litière, feuille.
Emine, hémine: mesure de capacité, par extension: contenu de la chaudière.
Epines : buissons épineux.
Esserter, essarter, seser: défricher, débroussailler, en général par le feu.
Eterpey, eterpas: terrain défriché, souches extirpées (toponymes).
Etro, estro, itre, litroz: abri primitif pour la fabrication du fromage aux remointses.
Etroubles, tribloz: éteules; ce qui reste sur le champ après la moisson; par extension, champs après la moisson (les étroubles de blé, de favives [fèves], de pessives [pois], d'orgiores [orge]).
Evoué, evouez : eau, torrent.
Expurgarde: dégagement de jeunes plantes.
Fayard, foyard, fo: le hêtre; donne les noms locaux: Fey, Fay, Fou.
Fegse, fesse : buisson, osier.
Fief: à l'origine terre donnée au Moyen-Age par un seigneur à une personne dont il s'attachait ainsi la fidélité; par extension, domaine remis au paysan moyennant paiement d'une redevance.
Fichelin : mesure de capacité pour le grain ; par extension, mesure de surface (la surface qui peut être ensemencée avec un fichelin de grain ; à Sion, 1 fichelin = environ 7, 5 ares).
Fiat : litière des marais.
Frète, fretaz: le faîte.
Gemmage : extraction de la résine des arbres par entailles dans la fût.
Hommage-lige : reconnaissance d'une obligation de fidélité, d'obéissance, de service au seigneur; «lige» renforce le lien personnel avec le seigneur.
Huetan, huitan, oetan : division de l'alpage en huitièmes soit un nombre de vaches déterminé.
Hyer, hyes: sentier, chemin (aussi: ogiel).
Introge (intragium) somme forfaitaire versée au seigneur lors de l'entrée en possession d'un bien concédé en «albergement»: ensuite, le tenancier versait une rente généralement annuelle.
Jeur, joux, jor : forêt (du latin joria). Larze, lage: mélèze (du latin larix-icis).
Latte : arbre de faible dimension qu'on refend ; utilisé pour les clôtures et autres petites constructions.
Lavanchia, lavanchier, lavantier: endroit exposé aux avalanches.
Let: prairie peu boisée; pâturage entre des bandes rocheuses (aussi: lex, li).
Leviour: prise d'eau d'un bisse (levée).
Limonée : le chargement d'un char ou d'un traîneau de litière.
Lods: droits de mutation, d'enregistrement (le seigneur approuve [du latin lau-dare] le changement de tenancier).
Loggez : outil servant à curer le lit d'un torrent (on utilise aussi le «grespil» ; grapin qui sert également aux flotteurs de bois).
Loussel, luxel, louchelet, ouchelet: gouille, flaque d'eau, petit étang. Luge à trait : courte luge supportant la tête du tronc et tirée par un homme.
Luys, lui : terrain en forte pente, gazonné ou rocheux, couloir.
Main-morte : droit du seigneur ou de son représentant aux meubles et outils d'un défunt sans descendance légitime.
Marenda: collation de l'après-midi, goûter avant la traite (cf. l'italien «merenda»); repas du bétail.
Maspas, maupas: le mauvais pas, passage, couloir.
Ménaydes: droit de gîte, redevance correspondant à l'obligation d'offrir l'hospitalité à son seigneur (et à sa suite, y compris les chevaux) lorsqu'il vient visiter son fief. Les menaydes sont souvent des prestations en nature.
Mère et mixte empire : traduction du latin «merum et mixtum imperium» désignant la haute et la basse juridiction.
Nançoir : grande nasse placée au centre d'un barrage de rivière (nasse : engin de forme conique servant à prendre du poisson de fond).
Novel, nouvelet, novelly: terrain nouvellement défriché.
Odannes: voir Autanne.
Ogiel, ogier, logies : chemin.
Palain: échalas, pieu (un paquet = 100 échalas).
Pas, poz: piquet.
Passez: échalas.
Patier, paquis, pasquier: pâturage.
Péage: droit perçu à l'occasion du passage de personnes, d'animaux, de marchandises sur une route; si le passage se fait sur un pont, on appelle le droit «pontonnage» (en latin pontonagium) ; sur un cours d'eau «navigation» (en latin navigium).
Perzez: perches pointues.
Pirra: pierre, rocher.
Pissiour, pichiour, pechot: chute d'eau d'un bisse.
Plaid (du latin placitum) : assemblée générale des communiers présidée par le vidomne (représentant du seigneur, en latin vice-dominus), deux fois l'an, aux mois de mai et d'octobre, au cours de laquelle il rendait la justice.
Plait: redevance féodale perçue par le seigneur lorsqu'il y a mutation soit du seigneur, soit du tenancier.
Plane: érable.
Pomei: pommier.
Poteu: couloir, passage étroit, caverne.
Poya: chemin suivi pour la montée à l'alpage.
Poyazo: contrôle des fonds d'alpage et recensement du bétail.
Poyer: montée à l'alpage, lieu de l'inalpe.
Prés recordains = prés à regain.
Procureur: ayant-charge, responsable d'une administration d'une société, fondé de pouvoirs.
Puojs, pain de: poix moulée sous forme de pain, de gâteau.
Raffour, rafort: four à chaux.
Rappâ: effeuiller.
Rard, raz: district de forêt; forêt clairsemée servant de pâturage.
Rasse, rassia, raisse, recha, ressia, reze, rexa: scie (nombreux toponymes).
Raisseur: scieur.
Remointze, remuentze: subdivision supérieure d'un alpage avec abri rudimentaire pour les hommes et pour la fabrication du fromage mais sans écurie pour le bétail; action de «remuer» (déplacer) le bétail.
Resse: creux rapide dans le terrain.
Riies, riez, rieses : terrain inculte, lots abandonnés.
Rion : pâturage alpin.
Riontzes, riouzes: ronces.
Riote, rioste, rioute, ryota, rez: attache végétale, lien de bois flexible.
Rivagium: droit de rivage, de récupération du bois, des animaux charriés par la rivière.
Risse, rise, rize : chenal construit en bois ou en terre pour sortir les billes, les troncs de la forêt.
Ronquoz: terrain défriché par arrachage des troncs.
Roué: muraille en pierre dans les champs.
Ryolle, ryole, vriolla: espèce de liseron, plante grimpante.
Sarclard : pâture des champs.
Sauges: saules.
Saver: écorcer un arbre sur pied (sava = Pécorce fraîche).
Savougions: broussaille, petit bois.
Sede (d'une berre) : assise d'une charge de branches pour le dévalage.
Serra, serre, siaz, chia, tsa: «scie», arête de montagne.
Servis: redevance, en général annuelle, due sur un bien condédé en albergement (voir ce mot).
Sex, sez, six, chai: rocher (du latin saxum).
Sirricer: brûler.
Solane: plateau (de bois par exemple pour la construction d'un pont).
Solive : poutrelle qui soutient le plancher.
Sotter: litière.
Taille: redevance féodale qui taxait, à l'origine, les serfs, les non-libres.
Terragium: fraction d'une récolte donnée comme tribut.
Tibia: poutre servant de «jambe» dans une construction.
Tine, tinna, tiné tenaz: cuvette, couloir, torrent enfoncé.
Torniour: carrefour des eaux d'arrosage.
Trab, trabes, traz: poutre, en général de 7 toises de long, servant à la construction d'un pont (aussi: tendeur).
Traversière : épi, éperon plongeant depuis l'arrière-bord ; en gravier et maçonnerie sèche.
Treyseur ou bey: aqueduc.
Tsâ, tsô, tsau: voir chaux.
Tzan, Zâ: champ, prairie.
Tsenâ, tsené, chenâ, chêne, zena, ziné: dévaloir, ravin, torrent, conduite d'eau.
Tsijiore, tsijière, chesière: fromagerie à l'alpage; toponyme.
Tsintre, chintre : pré maigre en bordure de forêt; pré non fauché ; pâturage au bout du champ, à l'orée du bois.
Vanel, vannelle : vanne, barrage aménagé sur une rivière pour prendre le poisson. Verne: aulne.
Vi: chemin.
Viance: reconnaissance officielle des chemins et des limites des biens publics (généralement effectuée par le vidomne).
Viorne: boule de neige (aussi «obier»).
Viourze, vourze, vourzier (ou encore «riourze»): saule marceau.
Vuarde : nom local désignant la Garde.
Vuargne, vuargnoz: sapin blanc.
Zalô: village alpestre; constructions disposées en cercle.
Zapi : sorte de pic avec pointe recourbée ; outil d'origine italienne ou autrichienne servant à la manutention et au trait des bois qu'on dévale ou qu'on flotte.
Zaune: corvidé, corneille des Alpes (chocard: bec jaune, pattes rouges). Zavois: corvidé, corbeau (chouca: bec noir, pattes noires). Zevron: chevron (bois de construction).
Sources : Glossaires des patois locaux
Glossaire des patois de la Suisse romande, Neuchâtel, depuis 1924 bossard, M., chavan, J.-P., Nos lieux-dits, Lausanne 1986 bridel, G., Glossaire du patois de la Suisse romande, Lausanne 1866 jaccard, M., Essai de toponymie de la Suisse romande, 1906 kraege, Ch., Lexique de toponymie alpine, 2e éd., Lausanne 1988