La Chorale

Vers 1885, Emile Perruchoud, instituteur, domicilié à Chalais, réside à Nendaz deux hivers durant ; il enseigne le solfège pendant les longues soirées de la froide saison. Il se déplace jusqu'à Veysonnaz, Clèbes et Verrey qui font alors partie de la paroisse de Nendaz. Quelques années plus tard, ces trois villages fournissent un contingent d'une vingtaine de chantres au choeur paroissial de Nendaz.

Ainsi, lors de la pose de la première pierre de l'église de Veysonnaz, en 1907, les membres de la chorale sont en mesure de chanter une messe à trois voix, la "messe des pèlerins". On ne connaît pas d'acte de fondation de la chorale de Veysonnaz, on sait cependant qu'une société de chant dénommée "chant d'Eglise" apparaît dès l'inauguration de l'église. Jusqu'en 1913, les chantres de Veysonnaz assurent encore le service à l'église de Basse-Nendaz, un dimanche sur trois. Depuis lors, sous la direction de Jean Fournier la chorale chante essentiellement à Veysonnaz et à Clèbes. Dès 1921, Lucien Fragnière est désigné comme directeur ; le choeur d'hommes participe au festival d'Evolène en 1925, reçoit son premier drapeau le 11 avril 1926 et chante au festival de Saxon en 1927.

Ces mêmes années, des problèmes apparaissent au sein de la société. Une partie des membres de la Chorale, les jeunes surtout, fondent une nouvelle société qui s'appelle "l'Echo des Glaciers". Les membres de cette nouvelle chorale revendiquent le droit de pouvoir aussi chanter à la tribune, ce sont essentiellement des personnes appartenant au parti Fournier. Le conflit est porté à la connaissance de l'évêque du diocèse qui interdit aux membres des deux sociétés de chanter à la tribune ; pendant quelques mois, la messe dominicale n'est pas chantée.

Dans ce contexte, l’évêque décide de faire passer un examen à tous les membres des deux sociétés et il choisit dix chantres de Clèbes et Verrey, dix du parti Fournier et dix du parti Délèze. Après cet examen, trente membres font partie de la Chorale et lorsqu'un membre de l'un des partis quitte la société, c'est un jeune de ce même parti qui est appelé à passer l'examen d'entrée.

En 1950, un nouveau curé est nommé à Veysonnaz : l'abbé Meinrad Vannay. Ses onze ans de ministère sont pour la Chorale Ste-Cécile l'occasion d'un renouvellement et la foule apprend à chanter. L'abbé Vannay met sur pied, en plus de la Chorale, un choeur mixte paroissial qui chante aux grandes fêtes et à diverses occasions. C'est sous son influence et ses conseils que la Chorale de Veysonnaz se décide à faire partie de l'Union Chorale du Centre qui regroupe la plupart des sociétés de chant du Valais central.

En 1952, on change également de directeur, Julien Bonvin, instituteur, reprend la baguette. Après cinq ans, il s'établit à Sion et Aloys Praz accepte la direction de la société. Il est secondé dans sa tâche par Aloys Fournier, professeur, qui dirige les pièces en polyphonie.

chorale 1983Depuis 1968, c'est Michel Praz qui assume la direction de la Chorale Ste-Cécile dont le rayonnement dépasse les frontières de la commune. Pour ne retenir qu'un exemple, elle participe, en 1978, à la fête cantonale des chanteurs à Brigue et organise la même année, pour la deuxième fois, le festival de l'Union Chorale du Centre. C'est peu dire que de souligner combien la mise en place de ces festivités a été une occasion de mobilisation des énergies les plus inventives de toute la population de Veysonnaz, Clèbes et Verrey. D'ailleurs, la relève semble assurée puisqu'en 1972, Jean-Norbert Théoduloz, instituteur, fonde un choeur d'enfants dont la direction est reprise quatre ans plus tard par Christian Lathion qui en fait le "Choeur des jeunes".

Aujourd'hui, la Chorale Ste-Cécile est un choeur d'hommes d'une trentaine de membres. Elle chante dans les offices dominicaux, les grandes fêtes religieuses, les mariages, les enterrements etc.. De plus, elle organise chaque année un concert, elle participe aux festivals de l'Union Chorale du Centre et assure régulièrement des prestations à l'occasion de fêtes populaires ou de réceptions.

Nous disions plus haut combien la vie des sociétés locales et la vie sociale en général sont profondément interdépendants. On ne saurait mieux illustrer cette réalité qu'en évoquant une anecdote dont plusieurs se souviennent avec émotion, c'est l'histoire du drapeau. A la fin de l'année 1925, les responsables et les membres de la Chorale décident d'acquérir un drapeau ce qui, à l'époque, n'était pas une petite affaire. On prend conseil dans les alentours ; le chanoine Eugène Fournier, curé de Vétroz, donne aux responsables l'adresse d'une maison tessinoise ; on demande à Henri Délèze, instituteur, de prendre contact avec cette entreprise. Au début de l'année 1926, on fixe la date de la bénédiction du drapeau au 11 avril. La Chorale invite à cette manifestation les présidents des communes voisines et de Sion, le préfet du district et diverses personnalités ; la fanfare Rosablan-che de Nendaz est également de la fête.

Après les festivités, le drapeau est entreposé chez Henri Délèze, parrain du drapeau. Mais en 1946, un litige éclate. Les membres du parti Fournier veulent déposer le drapeau dans un placard à la tribune de l'église, tandis que ceux du parti Délèze désirent le placer à la cure dans un meuble qui aurait été construit à cet effet. Plusieurs membres de la Chorale écrivent à l'évêque du diocèse la lettre suivante :

Excellence,

En qualité de membres de la société chorale de Sainte-Cécile de la paroisse de Veysonnaz, nous prenons la respectueuse liberté de vous informer que nous nous voyons dans l'obligation de recourir auprès de votre haute autorité, contre la décision de Monsieur le Révérend curé Zuber concernant notre drapeau, et que vous avez sanctionnée de votre approbation.

Voici les motifs que nous invoquons, pour justifier notre attitude dans un pareil litige.

1. Tout d'abord nous affirmons qu'aucune décision valable n'a été prise par la société de Sainte-Cécile, pour exiger que le drapeau soit déposé à la tribune de l'Eglise.

En effet nous avons assisté à deux "répétitions" où il a été question du drapeau, nous avons eu des discussions violentes pour ne pas dire davantage, mais aucune proposition formelle n 'a été votée et rien n 'a été protocole. D'ailleurs, Monsieur le Révérend curé de la paroisse n 'a jamais été présent dans nos réunions, et en vous écrivant à ce sujet, il ne pouvait parler que par la bouche des tenants du clan politique Fournier. Nous estimons que dans les circonstances telles que nous vivons actuellement dans notre commune de Veysonnaz, une décision valable, en bonne et due forme, concernant le drapeau, ne peut être prise légalement que par une assemblée générale de la société convoquée au préalable par écrit, avec ordre du jour indiqué.

Il est enfin nécessaire de préciser qu'une telle exigence de remettre immédiatement le drapeau dans un placard de la tribune de l'église, est née principalement en vue de satisfaire les ambitions d'une majorité politique qui vient de voir le jour dans la commune de Veysonnaz. Nous déplorons sincèrement que Monsieur le Révérend Curé Zuber se soit laissé prendre au jeu mesquin de ces Messieurs.

2. En second lieu, nous tenons à porter à votre connaissance, Excellence, que nous ne nous opposons nullement à ce que le drapeau soit déposé dans un local paroissial. Dès le début du présent litige, nous avons proposé qu 'il soit mis en dépôt à la cure, dans un buffet aménagé à cet effet. Ainsi le drapeau était en sécurité et directement sous la surveillance du chef de la paroisse. Par le fait même les attitudes intransigeantes prises respectivement par les deux fractions de notre société n'avaient plus leur raison d'être. Mais notre proposition fut rejetée, y compris par Monsieur le Curé. Et cela, nous le savons, pour sauvegarder à tout prix certaines prérogatives politiques.

Nous croyons que dans une société à but religieux, c'est l'élémentaire charité de savoir concilier les postulats raisonnables de chacun des ses groupes...

Après plusieurs assemblées et délibérations, le drapeau est placé à la cure dans un endroit approprié et mis sous surveillance du curé de la paroisse. Lors de la rénovation de la cure, un placard spécial est construit à cet effet. Ceci dit, la Chorale Ste-Cécile est certainement la société locale qui bénéficie de la plus longue histoire, elle a marqué profondément la vie culturelle de Veysonnaz.


 

img 21690La naissance

La transition vers le chœur mixte ne se fit pas sans difficulté, si bien que la société ne participa pas au festival de St-Séverin en 1988 et cessa même brièvement ses activités liturgiques. Après avoir dangereusement tangué sur la houle, la barque de la Ste-Cécile voguait vers de nouvelles aventures et reprenait une activité normale, placée sous la direction d’Henri Praz. Elle participa à son premier festival en chœur mixte que 2 ans plus tard à Ardon (1990) parée de ses nouveaux costumes. Bien sûr, les hommes ne perdirent pas tout de suite leurs mâles habitudes, bien sûr, il fallait se civiliser un peu en présence de ces dames et adapter sa voix aux registres et aux partitions pour chœur mixte, mais les progrès musicaux de la nouvelle formation étaient rapides. En 1990, M. Gérard Fournier reprit en mains, avec diplomatie et souci de la chose bien faite, la présidence de la société. Il allait assumer celle-ci jusqu’à son décès en septembre 1994 en pleine préparation du festival.  Les registres féminins furent rapidement bien garnis avec la venue des dames qui avaient chanté avec le curé Vannay,  et de celles issues des chœurs d’enfants et de jeunes. En 1990 à Ardon le nouveau chœur mixte se présentait devant le jury avec 41 chanteuses et chanteurs !

L’inauguration des costumes

En 1991, le Chœur Mixte inaugurait les nouveaux costumes des dames alors que celui des hommes n’était que légèrement adapté. L’occasion fut belle de faire la fête en présence des amis de Nendaz et d’Hérémence. Le chœur, dirigé par Henri Praz, donna un  concert à l’église avec le Chœur Saint-Nicolas d’Hérémence emmené par Madeleine Seppey-Nanchen. La soirée qui suivit fut chaleureusement animée par les deux Chœurs  des Jeunes de Basse-Nendaz et de Haute-Nendaz conduits respectivement par Manu Charbonnet et Pierre-Alain Barras.

Le voyage à Gottlieben

A l’occasion des 700 ans de la Confédération, la commune de Veysonnaz fut jumelée avec la commune thurgovienne de Gottlieben. En octobre 1991, les membres de la chorale et leurs conjoints  accompagnèrent les autorités communales pour une mémorable sortie en terre alémanique. Jamais le drapeau de la chorale n’avait voyagé aussi loin ! Quant à la chorale obtint un beau succès devant le public de Gottlieben et je crois bien que  beaucoup d’oreilles résonnent encore du tintamarre de la Guggenmusik !img 21691

Romands d’amour en 1994

A l’occasion des 40 ans de la TSR, notre jeune chœur mixte eut la joie d’être choisi – sur la base de son excellente prestation à la fête cantonale Martigny – pour représenter le Valais au concours télévisé « Romands d’Amour ». Le compositeur Léo Devanthéry composait une très jolie chanson intitulée « l’Air du temps » que le chœur interpréta avec un certain bonheur. La pièce, bien mise en valeur par la très jolie voix de Fabienne Délèze-de Barros, valut au compositeur la deuxième place du concours et à notre chorale les faveurs du public.

Le chœur des Enchanteurs : 1992-1998

Parallèlement à l’essor du chœur mixte, la société soucieuse de son avenir préparait deux sous-directeurs (Marianne Lathion et Jean-Philippe Glassey) et surtout tentait de lancer un nouveau chœur d’enfants. Ainsi vit le jour le chœur des En-chanteurs dirigé conjointement par Marianne et Jean-Philippe. Celui-ci participait au concert annuel de la Ste-Cécile et au festival en plus des nombreuses animations mises au programme. Il dut cesser son activité en 1998 quand son effectif tomba aux alentour d’une dizaine d’enfant. Aujourd’hui, les enfants chantent encore lors du spectacle des écoles et de temps en temps à l’église.

Le festival de 1995

Repoussé au dernier week-end de mai, le troisième festival organisé par la Ste-Cécile bénéficia d’une météo finalement radieuse le dimanche. Placée sur le plat de « Pra », la tente accueillait le vendredi soir la soirée nendette animée par les chorales amies de Nendaz.  La soirée se poursuivit par l’excellent groupe vocal « Chamade » dirigé par Pierre Huwiler. Le concert de gala connut un beau succès et lança la fête sur de bon rails pour la rencontre des chœurs d’enfants et de jeunes le samedi puis des chœurs d’adultes le dimanche. Qu’il fut enjoué le festival des enfants et des jeunes (10 sociétés) ! La soirée du samedi intitulée « Folklore et Musique » voyait quant-à-elle la participation de « La Liberté » de Salins, des « Ecochyoeu de Nende », de « La chanson de la Montagne » et de la « Rosablanche » de Nendaz. Qu’elle fut belle encore cette journée du dimanche où tout le village de Veysonnaz résonnait des chants du concert religieux diffusés à l’extérieur de l’église ! Qu’il fut apprécié le grand soleil de Veysonnaz qui nous accompagna jusqu’au bout d’un dimanche apprécié de tous !
Le comité d’organisation de ce 41ème festival de l’UCC était composé de la façon suivante : Pierre-Alain Lathion, président ; Aloys Fragnière, vice-président (en remplacement de Gérard Fournier) ; Michel Fragnière et Vinciane Glassey, secrétaires. Ils étaient secondés par les chefs de commissions suivants : Jean-Claude Glassey, carnet de fête ; Jean-Michel Praz, finances ; Henri Praz, commission musicale ; Jean-Philippe Glassey, commissaires ; Claude Fournier, constructions ; Yvon Praz, subsistance ; Fragnière Henri-Bernard, réception ; Pierrot Dussex, sécurité/trafic ; Mary-Luce Délèze, cortège et décorations ; Vital Fragnière, personnel ; Michel Praz, presse.  Les majors de tables  du festival furent : Pierre-Yves Délèze, Christian Lathion et Henri-Bernard Fragnière. Bien entendu, toute la population de Clèbes et Veysonnaz fut sollicitée pour travailler au bon déroulement de la fête.

img 216941996-2009 : Marianne Lathion

Une année après le festival, au regret de nombreux choristes, Henri Praz cessait son activité à la tête de la Ste-Cécile après le festival de Fey.  Marianne Lathion reprit la direction de la chorale pour l’amener, avec engagement et compétences, jusqu’à son 100ème anniversaire. Après son passage en mixte, notre chorale se voyait ainsi pour la première fois de son histoire dirigée par une femme. L’activité de la société continua sur sa lancée : Fête cantonales de Naters en 1998, de Monthey en 2002 et de Sion en 2006 à pour les cent ans de la Fédération des Sociétés de Chant du Valais, participation à la Fête fédérale de chant à St-Maurice et à Sion en 2000 ainsi qu’aux festivals de l’Union Chorale du Centre. Avec les fêtes cantonales, la société garde aussi le souvenir de sa participation aux ateliers avec des chefs renommés comme Michel Corpataux et André Ducret.

Un grand souvenir aussi bien pour les chanteurs que pour la directrice restera la comédie musicale « Au chœur du monde » (primitivement intitulée : « Tournons la boule !») écrite par Vinciane Glassey et produite en 2002. Pour la première fois, les membres du chœur mixte se faisaient acteurs (voire danseurs !) pour embarquer tout le public autour du monde. Une cassette vidéo a immortalisé cette prestation. Sur la lancée de ce spectacle très réussi, la chorale monta encore un concert  de Gospel en 2004. De nombreux choristes tinrent la  vedette à l’occasion d’un solo et (presque) tous les membres « dansaient » costumés de robes noires et plastrons blancs ! Avec Marianne, la chorale voyait  son champ culturel s’élargir d’année en année et devenait de plus en plus polyglotte sans pour autant y perdre son latin (Messe de Lotti). Le plus grand défi de la directrice étant toujours de faire chanter les hommes sans partition, elle y parvint à quelques reprises, montrant par là toute la détermination dont elle était capable ! Le Regi tancdal de Milan Bardos interprété par la Ste-Cécile  au festival d’Aproz en 2008 constitue sans doute le modèle de la faculté d’adaptation des choristes aux langues étrangères, en l’occurrence le hongrois

Une nouvelle page se tourne en cette année 2009 avec le départ de Marianne et l’arrivée de notre nouvelle directrice, Mlle Adriana Gueorgueva, pour la saison prochaine. Que vivent encore longtemps notre chorale ainsi que toutes les chanteuses et tous les chanteurs que portera ce petit coin de terre dans les années à venir !

Les directeurs de la Ste-Cécile

1909-1921           Jean-Barthélemy Fournier, Instituteur
1921-1951           Lucien Fragnière
1952-1957           Julien Bonvin, Instituteur
1958-1965           Aloys Praz
1963-1968           Aloys Fournier
1966-1983           Michel Praz
1984-1996           Henri Praz
1996-2009           Marianne Lathion
2009-                  Adriana Gueorgueva

Les présidents de la Ste-Cécileimg 21698

Antoine Fournier, de Maurice
Jean-Léger Fragnière, d’Antoine
Jean Fournier, de Barthélemy
Antoine Théoduloz, d’Antoine
Jean Fournier, d’Antoine
Henri Fragnière
Michel Praz 1956-1965
Henri Fournier 1966
Michel Théoduloz 1967-1968
Candide Fragnière 1969
Christian Lathion 1970-1976
Michel Fragnière 1977-1978
Henri Praz 1979-1982
Norbert Lathion 1983-1987
Gérald Théoduloz 1988-1990
Gérard Fournier 1991-1994
Aloys Fragnière                1995
Vinciane Glassey 1996-2001
Pascal Praz 2001-2006
Vinciane Glassey 2006-

img 21683Nos médaillés « Bene Merenti »

Les chanteurs actifs durant 50 ans (récemment on avait baissé cette exigence à 40 ans, puis elle a été remise à 50 ans) sont remerciés par la paroisse qui leur offre la médaille « Bene Merenti » venue de Rome. Les personnes suivantes ont reçu cette distinction au cours de ce siècle d’existence de la société.
Fournier Jean de Barthélemy (probablement en 1958)
Fournier Cyprien (probablement en 1958)
Fragnière Lucien (probablement en 1961-62)
Fournier David  en 1971
Fournier Edouard en 1971
Fournier Denis en 1971
Fournier Alphonse, de Maurice en 1971img 21696
Praz Aloys en 1974
Fournier Flavien, de François en 1974
Théoduloz Denis en 1974
Praz Michel en 1988
Fournier Maurice en 1988
Praz Françis en 1992
René Théoduloz en 1992
Praz Henri, de Maurice en 1995
Fragnière Aloys en 1995
Praz René en 1995
Glassey Maurice en 2005
Fragnière Vital en 2005

Médaille reçue à la paroisse du Sacré-Cœur : Julien Bonvin

Médaille reçue à Sion, paroisse de St-Guérin : Aloys Fournier

Les drapeaux

Drapeau de 1926 Jean Délèze, ancien Président, parrain
Marguerite Praz (née Glassey), de Clèbes 
(cf. Gazette du Valais 15.04.1926)
Drapeau de 1967 : Dessiné par le curé Georges Michelet
Camille Fournier, parrain
Célestine Praz, marraine

Les porte-drapeaux 

Alphonse Praz  (1957), Augustin Praz, Vital Fragnière, Olivier Fournier.

A partir de fin 1905, la décision fut prise de fonder la nouvelle paroisse et de construire une église à Veysonnaz, mais on y célébra la messe que vers 1908 (cf. Histoire paroissiale de Veysonnaz, Clèbes et Verrey, de Jean-Philippe Glassey). Le 23 août 1907 marqua une étape importante du chantier : on posait une croix sur le frontispice de l’église et ce fut l’occasion de fêter la fin du gros œuvre de l’église avec les amis et les donateurs des Mayens-de-Sion. La jeune « Rosa Blanche » donna son concert, mais le journal n’évoque pas en ce 23 août 1907 la présence d’une chorale. La première messe du chanoine Jean (Léger) Praz de Clèbes, qui se déroula le 15 août de l’année suivante, fut en revanche animée par deux chœurs puisque le journal rapporte que « durant la messe un chœur d’hommes et un chœur de jeunes filles nous charment tour à tour  par leurs belles productions » (Nouvelliste valaisan du 19.08.1908). Je suppose que ces deux chœurs furent préparés spécialement pour la circonstance, ainsi que pour la bénédiction des cloches qui avait eu lieu le 19 juillet, par l’Instituteur Jean Barthélemy Fournier surnommé « i Rejan de Bâ » (le Régent de Baar).
Mais comme la nouvelle église allait entrer en service avec la nomination de Jean Praz au poste de vicaire de Nendaz et de desservant de Veysonnaz, il fallait assurer la pérennité de la chorale, ce qui fut fait – j’imagine – vers la fin de l’année 1908 et dans le courant de 1909. La date de 1909 figure en tous cas sur les deux drapeaux de la société. N’oublions pas que la période 1906-1912 fut le théâtre d’une très intense activité au sein des trois villages et qu’il y avait beaucoup d’autres tâches à accomplir : construction de l’église, de la cure et du cimetière, de la grange-écurie de la cure. On comprend dès lors qu’il ne subsiste pas de trace écrite d’une fondation de la chorale. En fait, il s’agissait d’une continuité : la chorale d’hommes des trois villages n’allait plus à Basse-Nendaz mais animait désormais les offices à Veysonnaz (et à Clèbes). Dans les grandes occasions, les enfants et les jeunes filles pouvaient aussi être appelés à chanter à l’église.

L’ENTHOUSIASME DES  DEBUTS

 Il est facile d’imaginer – en lisant les journaux de l’époque, les écrits du curé Georges Michelet ou le livre Histoire paroissiale de Veysonnaz, Clèbes et Verrey – l’enthousiasme qui habitait nos ancêtres lors de la construction de l’église. Le curé Pont, paraît-il, disait la messe dans l’église en chantier, mais les murs résonnaient déjà au son des cantiques. Voici quelques témoignages de ce que pouvaient être ces premiers échos musicaux qui emplissaient l’élégante voûte de la nouvelle église. Nous avons déjà évoqué plus haut les festivités de 1908. Avançons un peu dans le temps.

Lors de la consécration de l’église, le 21 août 1916, le professeur Zimmermann de Sion dirigea le chœur préparé par l’Instituteur Jean Barthélemy Fournier. Le chroniqueur rapporte que : ce chœur (d’hommes) « chante une très belle messe, avec une force, un ensemble, une harmonie qui excitent l’admiration de tous. Nous avons notamment entendu des personnes étrangères au Valais exprimer leur étonnement, de ce qu’une population agricole, qui n’a pour s’exercer que les heures très rares que lui laisse le dur labeur des champs, puisse arriver à un pareil résultat. Nous n’en sommes pas surpris, nous qui connaissons nos campagnards et savons ce que le patriotisme peut obtenir d’eux, quand il s’agit de faire honneur à leur canton ou à leur commune. » (cf. Gazette du Valais.)
Autre son de cloche de cette époque, bien différent mais tout aussi enthousiaste et qui permettait cette fois-ci aux femmes d’exprimer leur voix. On chantait régulièrement lors des réunions du Tiers-Ordre et notamment lors de sa fondation en 1917. Il y avait des « frères » (9) et des « sœurs » (18) « choristes » (cf. Histoire paroissiale de Veysonnaz, Clèbes et Verrey p. 140) qui occupaient les premiers bancs dans l’église et entonnaient le Te Deum ou les cantiques ad hoc. Ainsi, même si la tribune semblait être l’apanage des hommes, les femmes mariées pouvaient aussi chanter leur foi à l’église.

Eloge du chant grégorien

semiologieLe chant grégorien constituait la base du répertoire religieux de la chorale bien que celle-ci produisît aussi des messes et des cantiques à quatre voix – ce que l’on appelait « chanter en musique ». Dans le répertoire profane, on trouvait principalement des chants patriotiques. La chorale Ste-Cécile a continué à cultiver assidûment le répertoire grégorien bien après les changements liturgiques opérés par le concile de Vatican II, notamment grâce aux directeurs Aloys Praz, Michel Praz et Henri Praz. Peut-être faut-il chercher les bases de cet engouement en 1925 déjà ? En effet, à l’initiative du curé Défago de Nendaz, le chanoine Mudry du Grand-St-Bernard, vicaire de Liddes, vint donner des leçons de plain chant aux chantres de Nendaz et de Veysonnaz. Le journal nous dit que ceux-ci «comptent certes, bien des fleurons, et néanmoins, combien leur chant, exécutés sous la direction du maëstro du Gd-St-Bernard devient plus pieux, plus nuancé, plus doux et plus harmonieux. Entraînés, enthousiasmés par son procédé ferme et bienveillant, les chantres sont tout heureux de passer de longues veillées à son école. Le chant grégorien voit fort heureusement grandir  le nombre de ses admirateurs(…) C’est qu’il se prête aux nuances les plus variées, aux finesses les plus exquises, aux rythmes les plus enchanteurs. Né uniquement de la pensée de louer Dieu, il a le don de faire vibrer les fibres les plus intimes de notre cœur et de le porter vers le ciel. Il est la mélodie spontanée de notre âme en prière, et partant, le chant par excellence de l’Eglise. » (Nouvelliste valaisan, 14.02.1925)

LE PREMIER DRAPEAU ET LES LUTTES POLITIQUES

 A sa fondation, la chorale n’avait aucune appartenance politique même si l’on sait que le clergé valaisan – et donc le curé Pont – tenaient pour le  camp des « conservateurs ». Le contexte d’âpres luttes politiques qui caractérisa cette époque allait cependant marquer l’histoire de notre société de chant. Sur le plan valaisan, on assistait à une lutte à couteaux tirés entre les « conservateurs » et les « radicaux » qui parfois s’unissaient aux « socialistes » pour les élections cantonales. En 1905, naissait dans ce contexte une Fédération des fanfares et chorales conservatrices du Centre. En 1921, on vit même apparaître sur le plan suisse le parti communiste. Parallèlement, le chômage explosait dans le secteur industriel. Sur le plan communal, Veysonnaz connut aussi des remous politiques même si tous les protagonistes étaient probablement « conservateurs ».

chorale ancienneLe premier drapeau

A l’occasion de la fête patronale du dimanche 24 mai 1925, la chorale exécuta une belle messe à quatre voix « avec le concours d’un chœur d’enfant qui faisait la voix d’alto »  (Nouvelliste valaisan). Les accents de la fête se prolongèrent tout au long de la journée : on chanta, on but, on prononça des discours. M. Pralong, président de la chorale « l’Espérance » de Salins et militant du parti conservateur, se fendit d’un discours enflammé en faveur de son parti. Au cours de la soirée, quelqu’un émit l’idée de doter la chorale d’un drapeau conservateur. La société de chant entrait dans la « Fédération des fanfares et chorales conservatrices du Centre » (cf. plus haut) à laquelle appartenaient notamment la Rosa Blanche et l’Echo des Glaciers de Vex. La même année, la chorale effectua une sortie à Evolène où elle posa pour la plus ancienne photo connue de la société ; peut-être y fut-elle invitée au festival conservateur ? Une année plus tard, soit le 11 avril 1926, le premier drapeau de la chorale était béni à Veysonnaz par le curé Zuber, en présence de la fanfare de la Rosa Blanche et de toute la population. Le parrain du nouveau drapeau n’était autre que Jean Délèze, ancien président de la commune. En l’honneur « du benjamin des drapeaux conservateurs valaisans », la chorale interpréta  de façon mémorable le « Laudate Dominum » à quatre voix de Wolf (cf. Nouvelliste valaisan du 15.04.1926). En mai, elle participa à son premier festival (voir ci-dessous).

Les festivals conservateurs

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Après l’acquisition de son premier drapeau, la chorale Ste-Cécile participa vraisemblablement à son premier festival conservateur le 16 mai 1926 à Vex.  Elle y assuma l’animation de la messe en plein air. Quels chanteurs étaient présents puisque nous nous trouvons là au beau milieu de la période de scission ? Nous pouvons penser que pour l’occasion, l’union sacrée rassembla tous les chantres. A cette époque, sur une bonne vingtaine de sociétés, on ne trouvait dans cette fédération que trois chorales : l’Espérance de Salins, la Cécilia de Chamoson et la Ste-Cécile de Veysonnaz. Le reste du contingent était constitué de fanfares. Toujours programmée un dimanche de mai, la journée du festival débutait par l’accueil des sociétés et le vin d’honneur, puis venait l’exécution du morceau d’ensemble des fanfares. Tout le monde se rendait ensuite à l’office divin chanté par une chorale. La matinée se terminait par le cortège et le banquet. Le Concert des Sociétés se déroulait l’après-midi, souvent en plein air. Ces festivals constituaient en fait la « Landsgemeinde » du parti conservateur et une démonstration de force. Des milliers de personnes y assistaient et les discours étaient enflammés. Les ténors du parti et du gouvernement y prenaient la parole. Les discours les plus applaudis étaient ceux de Maurice Troillet et de M. Evêquoz, président du parti conservateur.

En 1928, lors du festival de Saxon, la Ste-Cécile fêta plusieurs médaillés pour 20 ans d’activité : Fournier Jean-Barthélemy, Théoduloz Jean, Fournier Cyprien, Fragnière Jean-Léger, Salamolard Maurice, Praz Maurice, Fournier Maurice, ce qui laisse penser que ces messieurs chantaient déjà depuis 1908. Au concert de l’après-midi, elle chanta « Pays des blanches cimes » de Schnyder. En 1932, le festival eut lieu à Basse-Nendaz, et la messe fut chantée, sous la direction de M. Georges Haenni, par la « chorale paroissiale » de Nendaz qui ne faisait pas partie de la fédération. Dans les rangs de la Ste-Cécile, se trouvaient encore des médaillés pour 20 ans d’activité : Bonvin Joseph, Franière Lucien, Praz Jean et Praz Louis. En 1934, le festival se tint à Fully où nos chanteurs retrouvèrent l’abbé Henri Bonvin et où ils interprétèrent « Salut, gai printemps !» de Giroud. S’ajoutèrent à la liste des méritants : Théoduloz François, Fournier Jean de Barthélemy, et Fournier Jean, conseiller. En 1935, tout ce beau monde se rendit à Savièse. On ne trouve plus de mention de la chorale de Veysonnaz après cette date et il semble bien qu’elle dut attendre 1956 et son entrée dans l’UCC pour revivre ce genre de rassemblement festif.

 

Dans les mêmes années cependant, les dissensions politiques qui secouaient Veysonnaz (luttes entre Délèze et Fournier pour le conseil communal) se répercutèrent dans la chorale. Les membres ne s’entendaient plus et une scission se produisit. Il y eut deux chorales, et deux directeurs : Lucien Fragnière et Jean Fournier. Ceci eut l’heur de déplaire souverainement à Mgr. Bieler qui interdit aux deux formations l’accès à la tribune. En 1927, un examen d’entrée fut imposé par Mgr. à tout candidat chantre. L’affaire fut réglée autoritairement et la solution suivante trouvée : un tiers de l’effectif fut choisi dans le parti Délèze, un tiers chez les Fournier et le troisième tiers provenait des villages de Clèbes et Verrey. La chorale poursuivit son activité sous la direction de Lucien Fragnière, directeur de 1921 à 1951. De nouvelles dissensions d’origine politique allaient survenir en 1946 au sujet de l’entreposage du drapeau et l’Evêché dut encore intervenir. Probablement dès 1935, mais en tous cas depuis son entrée dans l’Union Chorale du Centre en 1956, la chorale ne fit plus de politique et se cantonna à la liturgie ainsi qu’à l’animation de la vie sociale de nos villages.

 

 

img 19945Le renouveau par le curé Vannay

Vers 1950, encouragée par le curé Meinrad Vannay, la Ste-Cécile rejoignit la toute nouvelle Union Chorale du Centre née en 1953 d’un incident célèbre survenu entre deux fortes personnalités de la musique valaisanne, M. Georges Haenni et l’abbé Crettol.

Comme le curé faisait répéter et dirigeait souvent tous ces nouveaux chanteurs, il lui arrivait  d’être au four et au moulin ou pour mieux dire, à l’autel et la tribune au cours de la même célébration. L’homme d’église ressemblait alors à un homme-orchestre : chanteur (toutes les voix : du soprano à la basse !), directeur, organiste et, par-dessus le marché, ministre de l’autel ! De son pas dynamique, il traversait à grandes enjambées la nef dans de nombreux allers-retours. Qu’importait puisque l’enthousiasme et la passion du chant gagnait ainsi toutes les couches de la population et que l’assistance devenait participante !

Avec l’arrivée du nouveau prêtre à Veysonnaz, la pratique chorale allait subir de nombreux bouleversements. Le jeune curé possédait une solide formation musicale et le désir de permettre à tous de chanter. Sans porter trop atteinte à l’intégrité du chœur d’hommes, l’abbé  Vannay imposa sa patte de directeur. Il fit répéter les polyphonies aux hommes, fonda immédiatement un chœur de dames et se mit à faire chanter plus souvent les enfants – bien entraînés par les instituteurs. Quelques mois plus tard, pour Pâques 1951, on put déjà entendre le tout nouveau Chœur-Mixte préparé par le curé chanter en polyphonie. Ce chœur prit dès lors en charge l’animation liturgique des grandes fêtes et des fêtes champêtres. Les hommes de leur côté, sous la houlette de Julien Bonvin puis d’Aloys Praz, assuraient la majorité des dimanches et des solennités, travaillant toujours le répertoire grégorien et les polyphonies.img 21681

L’entrée dans l’union chorale du Centre

Un chœur d’hommes commença à prendre part aux festivals de l’UCC dès l’année 1956 au festival de St-Séverin. Il n’y réussit pas trop mal puisque selon le jury « l’impression générale était excellente » … même si, dans le chant grégorien, « on entendait le meneur qui se détachait du groupe vocal pas assez souple pour le suivre… ». Dans la seconde pièce du concert religieux, le « O sacrum convivium » de Viadana, le jury releva d’emblée la très belle sonorité des voix, en général, la belle fusion dans les demi-teintes et l’aisance que donnent les chanteurs qui phrasent très bien dans un bon style ». Les débuts étaient prometteurs et c’est avec entrain qu’on se rendit chez les amis de Fey l’année suivante où l’on chanta le « Tenebrae factae sunt » de Klein. Lors de ces deux premiers festivals, Julien Bonvin assurait la direction.

A cette époque, le jour du festival, les chorales devaient se produire devant le jury en tirant au sort une pièce grégorienne dans une liste connue d’avance. Le deuxième morceau était une polyphonie religieuse librement choisie, généralement en latin. Le jury, longtemps présidé par l’abbé Crettol, comptait parfois de grands noms de la musique comme Pierre Chatton, Jean Quinodoz ou Jean Daetwyler… On se doute que chanter devant de telles personnalités était impressionnant. D’autant que la critique n’était pas toujours tendre, comme dans ces remarques d’ordre général faites aux chorales : « La justesse laisse encore parfois à désirer – jusque dans le grégorien ! L’émission reste souvent dure. On chante trop de la gorge. Les sons sont écrasés, sourds, pâteux. Les forte des coups de glottes.
La prononciation  défectueuse se ressent encore trop de l’accent du terroir. Le é latins sont facilement è presque ê ! au lieu de Kyrié, Christé, Dominé, on chante Kyriê, Christê, Dominê ! La a sont facilement ô : ôllêlôiô pour alléluia !
On ne se soucie pas assez de bien prendre le ton ! N’oubliez pas ce qu’on vous disait déjà l’an passé à ce sujet : les voix sont comme les moteurs d’auto en hiver, il faut les chauffer un moment avant de leur faire prendre le départ ! » (27 avril 1958 festival de Erde-Conthey)

Les statuts de 1953

Les archives de la société ont conservé très peu de traces des assemblées générales et des décisions passées. En plus d’une belle collection de partitions et de la liste des présidents de la chorale, il ne nous reste des époques passées que des statuts rédigés de la main de l’abbé Vannay. De ce texte, nous relèverons que la devise de la chorale est : « Deo nostro sit jucunda decoraque laudatio », ce qui signifie : « Que notre chant de louange soit agréable à Dieu et digne de Lui. » (Ps 146). Ses buts principaux sont de « cultiver : 1. le chant religieux conformément aux prescriptions du Souverain Pontife. 2. le chant profane » (CF, Statuts de 1953). Suivent toute une série d’articles qui règlent les droits et devoirs des membres actifs et des membres honoraires de la Société, ainsi que les Organes de la Société (Assemblée générale, Comité) et enfin les compétences respectives du Curé de la Paroisse et du Directeur. Ces statuts furent ratifiés par 39 membres présents le 8 mars 1953 et remplacèrent les anciens statuts (disparus des archives). Ils furent revus et soumis à l’approbation des membres par deux fois : le 21.11.1985 et le 2 décembre 2001.

img 21700Les directeurs

Lucien Fragnière, qui avait tenu à bout de bras  la société durant toutes ces années, remit la direction de la chorale en 1951 après trente ans de loyaux services ! Comme nous l’avons vu, le curé Vannay avait pris les choses musicales en main dès son arrivée, bientôt secondé par  un instituteur passionné de musique, Julien Bonvin. Durant cinq ans, ce dernier mit son énergie et ses connaissances au service de nos liturgies en tant que directeur. Puis, déménageant à Sion, il n’eut plus le temps d’assumer cette charge, mais ne délaissa pas la tribune de Veysonnaz pour autant puisqu’il y tint encore l’orgue de nombreuses années.

Aloys Praz reprit donc la direction de la société, faisant répéter les hommes et dirigeant aussi parfois le chœur mixte. Il conduisit la société au festival dès 1958. La formation mixte ne survécut pas longtemps au départ du curé en 1961 même si Aloys Praz et Michel Praz (déjà) dirigèrent encore de temps à autre les dames.  Aloys Praz tint le pupitre de directeur jusqu’au festival de Veysonnaz en 1965 où la société organisatrice ne chanta que la messe. Dès 1963, il fut secondé dans sa tâche par Aloys Fournier qui assurait la direction de la polyphonie et des chants profanes alors qu’Aloys Praz conduisait le chant grégorien. Aloys Fournier assuma encore la co-direction de la société avec Michel Praz jusqu’en 1968.

 

En 1978, Veysonnaz organisa le 5-6-7 mai le 25ème festival de l’UCC. A cette occasion, le comité mit sur pied un programme ambitieux et alléchant. En vedette, l’inoubliable soliste de la fête des vignerons Bernard Romanens et la Chanson du Pays de Gruyère qui animèrent le vendredi soir. Le samedi, la chorale Ste-Cécile et le Chœur des Jeunes se produisaient pour le Kiosque à musique avec notamment la participation de l’Octuor sédunois (actuel Octuor vocal de Sion), des Fifres et Tambours d’Hérémence et de la Fanfarette de Nendaz. Le samedi après-midi était consacré au festival des enfants avec la participation de 10 chœurs et près de 300 enfants. La soirée du samedi fut exceptionnelle avec, pour la première fois réunis, plusieurs ténors de la chanson romande : Bernard Montangéro, Léo Devanthéry, Michel Bühler et Nono Muller ! Les festivités n’étaient pas encore terminées puisque le dimanche était traditionnellement réservé à l’accueil des 15 sociétés amies de l’UCC. La qualité musicale des productions devant le jury fut de très bonne tenue cette année-là ainsi que la messe chantée par le chœur St-Nicolas d’Hérémence. Le comité d’organisation de ce deuxième festival se composait comme suit : Henry Fournier, président ; Norbert Fragnière, vice-président ; Louis Fournier, Jean-Maurice Fournier, Henri-Bernard Fragnière, Michel Fragnière, Bernard Praz, Jean-Michel Praz et René Praz, membres ; Danielle Dussex, secrétaire. Malgré un très grand succès populaire, ce deuxième festival organisé à Veysonnaz n’obtint pas les résultats espérés sur le plan comptable.

L’ensemble de la population se mobilisa pour monter à l’occasion de ce festival le fameux jeu scénique « Au temps des seigles et des moissons » écrit par le curé  Georges Michelet et mis en scène avec l’aide de Jean Quinodoz et qui fut donné le vendredi soir.

img 19950Les festivals à Veysonnaz : 1965 et 1978

Pour la première fois de son histoire, Veysonnaz accueillit un festival de chant le 23 mai 1965 à l’occasion du 12ème festival de l’UCC. La journée débuta par l’office divin célébré en plein air devant notre église fraîchement restaurée mais bien trop petite pour contenir la foule des chanteurs et des curieux. Le « Bon Dieu de Nende » avait sans doute bien fait les choses puisqu’en cette année où « le printemps ne voulait décidément pas prendre ses quartiers sur cette terre », la journée fut cependant « lumineuse et agréable » : un bon point pour le « paradis de Veysonne » ! Autre bon point : « l’organisation impeccable » soulignée par le rapport du jury du festival. (cf. rapport du jury, festival UCC, 1965).
Le comité d’organisation de ce premier festival se composait comme suit : Michel Praz, président ; Alphonse Fournier de Maurice, vice-président ; Michel Théoduloz et Henri Fournier, secrétaires ; Maurice Fournier et René Praz, caissiers ; Jean-Maurice Délèze, membre. D’un point de vue musical, la cuvée ne fut pas exceptionnelle et le jury fut « un peu moins satisfait que d’autres années » et se demanda si « la cause en est à cette fameuse années d’élections où l’activité de beaucoup de chorales est souvent entravée par la fièvre électorale ? » (Rapport du jury, festival UCC, 1965)

L’APOGEE DU CHŒUR D’HOMMESimg 21710

En ce qui concerne l’activité musicale de la société, dès 1966, la baguette avait été reprise par Michel Praz – avec la collaboration d’Aloys Fournier jusqu’en 1968. Avec lui le chœur, redevenu masculin, connut un essor considérable. La jeunesse des années 1970 adhéra en masse à la chorale et les registres étaient bien garnis. La qualité des prestations était très souvent au rendez-vous, grâce notamment à un travail en profondeur du répertoire grégorien. Les rapports du jury du festival ne tarissaient pas d’éloges pour féliciter et encourager notre chorale dans ses choix musicaux souvent éloignés des canons de la mode. Alors que de nombreuses sociétés de chant étaient passées en mixte, le chœur d’hommes de Veysonnaz se forgea une réputation indéniable de qualité vocale mais il apparaissait simultanément, dans l’Union Chorale du moins, comme le « dernier bastion de la phallocratie ». En 1970, Michel Praz devint président de l’UCC et travailla immédiatement à rapprocher celle-ci de la Fédération des Sociétés de Chant du Valais (cf. brochure : « 1906-2006, L’Avenir de la mémoire », FSCV). La  Ste-Cécile intégra cette Fédération et commença à prendre part chaque 4 ans aux Fêtes cantonales de chant dès 1972.

Les chœurs d’enfants et de jeunes

Relevons ici l’excellent travail réalisé auprès des enfants par l’instituteur Jean-Norbert Théoduloz et la prestation exceptionnelle que son chœur d’enfant produisit au festival d’Hérémence en 1972 : « c’était vraiment le sommet musical de tout le concert du matin » (cf. rapport du jury, festival UCC 1972). Ce même chœur d’enfants s’illustra également lors de la première fête cantonale de chant des enfants et des jeunes à Monthey en 1974. Le travail initié par M. Théoduloz vit son prolongement dans un nouveau chœur d’enfants et de jeunes dirigé par Christian Lathion entre 1976 et 1981. Ceux-ci accompagnèrent d’ailleurs le chœur d’hommes (arborant ses plus belles couleurs !) à la fête cantonale de Brigue de 1978.  Vint ensuite le chœur des jeunes Tourdion (46 membres lors de sa fondation !) dirigé conjointement par Christian Lathion et Jean-Daniel Praz de 1984 à 1987. Sans doute que ces différents chœurs donnèrent le goût de chanter à bon nombre des choristes actuels de la Ste-Cécile et qu’ils permirent le démarrage ultérieur du chœur mixte.

Vers la transition

En 1984, Henri Praz reprit la direction de la société après l’avoir présidée entre 1979 et 1982. Sous sa baguette, et malgré des effectifs en baisse, le chœur d’hommes atteignit une qualité musicale remarquable, particulièrement dans le domaine du chant grégorien. La prestation de la Ste-Cécile lors du festival d’Hérémence en 1986 (Te Deum grégorien et Otce nàs de Kedroff) reste dans bien des mémoires comme un digne point d’orgue à toutes ces années de chœur d’hommes. L’année suivante, la formation masculine participait à son dernier festival à Haute-Nendaz. C’est aussi en 1987 à Haute-Nendaz que l’Union Chorale du Centre honorait Michel Praz du titre de Président d’honneur après 16 ans (1970-1986) passés à la tête du groupement.

Mais les temps avaient changé : les femmes, qui avaient goûté aux délices du chant avec l’abbé Vannay, et les jeunes filles qui en avaient fait de même avec Jean-Norbert Théoduloz, Christian Lathion ou Jean-Daniel Praz dans les chœurs  d’enfants et de jeunes successifs, portaient en elles le désir légitime de chanter. De plus, un petit coin de terre comme le nôtre ne fournissait plus un contingent d’hommes suffisant. Une page importante de la vie de la société se tournait, non sans quelques regrets. La chorale allait devenir mixte et progresser rapidement dans ce nouveau registre, toujours placée sous l’experte direction d’Henri Praz.