Nouvelliste du 9 août 1904

Incendie à Nendaz

Un ami d'Ardon nous téléphone lundi soir à 5 heures que le village de Clèbes sur la rive droite de la Printze, Nendaz, est en feu. Nous manquons de plus amples détails. Mais pour qui connaît Clèbes, entendre dire que le feu y a pris, annoncer le résultat est superflu.

Il y a quinze jours au plus que du Signal de Hte-Nendaz, nous remarquions avec notre longue vue ce village tout construit en bois avec ses maisons serrées, ces tas de bois sec, provisions d'affouage et nous nous disions :

« Ah ! Si malheureusement le feu prenait par-là, quels ravages ! »

Nous pensons revenir la prochaine fois sur ce chapitre douloureux.

 

Confédéré du 10 août 1904

Un village incendié

Un incendie a éclaté lundi après-midi, vers 3 heures, au village de Clèbes, commune de Nendaz, sur la rive droite de la Printze, entre Baar et Nendaz ; dès 5 heures la catastrophe était consommée. Le feu s'est propagé avec une effroyable rapidité dans les maisons en bois et les raccards desséchés par cette longue période de sécheresse. Les pompes, entre autres celle de Sion, n'ont pu enrayer la mal. Le brasier a été aperçu de la plaine, d'Ardon, de Conthey, etc. Vers 8 heures du soir, il se rallumait encore. Les récoltes engrangées et beaucoup de mobilier sont anéantis. On assure qu'un enfant a péri dans les flammes. De 50 bâtiments, 3 seulement restent debout, et 35 ménages sont sans abri.

Adossé à une pente très inclinée et à une altitude de 1274 m, écrit-on au Journal de Genève, Clèbes, dont la population est de 159 habitants, était considéré comme le prototype de l'antique village valaisan. Il avait gardé les mœurs des anciens montagnards du pays avec leurs nombreuses qualités et les quelques petits travers qu'on avait pu leur reprocher. C'est le dernier endroit où l'on dut se servir des tables creuses pour la distribution du potage ; une ou deux de ces tables y ont été longuement conservées à titre de souvenir. Espérons que la charité officielle et privée viendra en aide à ces pauvres sinistrés.


Ami du Peuple du 10 août 1904

Incendie

Lundi soir, vers les 4h de l'après-midi, un incendie éclatait à Clèbes, à l'entrée du Val de Nendaz. Le feu s'est propagé si rapidement que pompes, sauvetages et secours accourus des villages voisins n'ont pu qu'assister impuissants au dénouement du sinistre. 40 bâtiments sont détruits. Quantité de récoltes de ces pauvres malheureux sont aussi la proie des flammes. Quelques pièces de gros et petit bétail ont aussi péri. D'après quelques renseignements, 23 familles seraient sans abri. M. le préfet Evêquoz s'est aussitôt rendu sur les lieux afin de prendre les premières mesures pour venir en aide aux familles éprouvées. La charité, le patriotisme commandent de venir au secours de ces pauvres gens, que le malheur vient de frapper si rudement. Et les secours seront d'autant plus prompts à arriver, nous en sommes certains, qu'on est maintenant au plus fort des travaux, que les dernières récoltes devront bientôt être rentrées, que 3 mois seulement nous séparent de l'hiver, saison pour laquelle ces familles devront trouver un asile convenable.

Que tous donc s'empressent d'envoyer des secours en nature et en espèces avant même que l'on ait pu organiser des quêtes publiques.

 

Nouvelliste du 11 août 1904

Incendie de Clèbes

Nendaz - Les prévisions que nous émettions mardi, en dernier courrier qu'un incendie avait éclaté dans ce village, ne se sont malheureusement que trop justifiées. Nous puisons dans les diverses correspondances reçues sur ce pénible sujet les détails suivants : Plus de 40 habitations et autant de granges et raccards ont été anéantis en moins de deux heures, entre 3 et 5h de l'après-midi. Les habitants se trouvaient pour la plupart occupés à la fenaison dans les mayens. Absolument tout a consumé, hormis le bétail qui était au pâturage. Rien n'était assuré. Il n'y a paraît-il pas eu de vie humaine à déplorer ni d'accidents de personnes.

De nombreux et prompts secours sont arrivés des environs mais toute lutte était impossible. Toutes les constructions sauf deux étaient en bois et recouvertes en bardeaux ; après cette série de sécheresse, tout cela favorisait d'autant mieux l'extension du feu que, granges et maisons étaient construites pêle-mêle sur un terrain très incliné. On ignore comment le feu a pris.

30 familles sont sans abris. La misère sera grande. Mais nous avons l'intime conviction que la générosité publique n'attendra seulement pas qu'on lui fasse un pressant appel avant de venir en aide aux pauvres sinistrés.

Nous basons cette conviction sur le fait que l'esprit de fraternelle mutualité qui honore nos populations n'a jamais failli devant le malheur à soulager.

 

Nouvelliste du 13 août 1904

Nendaz – Nous recevons encore la correspondance suivante sur le terrible incendie de Clèbes. Nous venant d'une personne qui a assisté au sinistre, elle contient des détails qui intéresseront sans doute nos lecteurs :

Lundi, à 4h de l'après-midi, le feu s'est déclaré dans une grange à l'est du village. Aidé par un vent assez fort venant de l'est, le feu qui avait un aliment facile dans des granges pleines de récoltes, et des chalets en bois brunis par les chaleurs de l'été 1904 agit avec tant de rapidité qu'en moins d'une demi-heure tout le village était la proie des flammes.

Les habitants qui pour la plupart vaquaient à leurs travaux dans la campagne ne sont arrivés sur les lieux du sinistre que pour voir flamber leurs demeures sans pouvoir rien sauver ni opposer une barrière à ce feu qu'on aurait dit échappé de l'enfer tant il opérait avec rage sa besogne dévastatrice.

Une fois arrivés, les secours ne purent organiser un sauvetage car la chaleur les empêchait d'aborder le village. Quelques pièces de gros et menu bétail ont péri. C'est à grand peine qu'on est parvenu à arracher quelques enfants qui dans leur frayeur couraient au devant de l'incendie. De tout ce coquet village il ne reste que des ruines. Une maison et 3 granges ont seules échappé aux flammes. 30 familles sont sans abri et sans pain. Pauvres gens ! Un instant a suffi pour anéantir leurs Pénates et le fruit de longues et fécondes sueurs. Et maintenant une question se pose pour ces malheureux, inéluctable et terrible : Où et comment passer l'hiver ?

Sans doute l'Etat leur viendra en aide : il ouvrira bien large sa bourse généreuse, mais pourra-t-il subvenir à tant de misères ?

« Valaisans ! Prêtons l'oreille et tendons une main secourable à ces infortunés. Qu'on organise des quêtes publiques ! Nous accomplirons ainsi un devoir de charité fraternelle et montrerons que les Valaisans sont tous frères et qu'ils savent compatir à l'infortune de leurs concitoyens. »

Note de la Rédaction du Nouvelliste acceptera avec reconnaissance tous les dons que les âmes généreuses et compatissantes voudront bien lui faire parvenir et s'empressera de les transmettre au Comité local des secours pour les incendiés de Clèbes.

 

Confédéré du 13 août 1904

Incendie de Clèbes - Du hameau incendié, il ne reste debout que 2 maisons d'habitation et 3 granges, situées dans la partie inférieure.

Au moment de l'incendie, plus de la moitié des gens étaient à l'alpe de Combire avec le bétail, et quand le fléau dévastateur a soudainement fait irruption dans le solitaire petit village, il ne se trouvait là que quelques hommes et femmes pour essayer, bien inutilement, hélas, de lutter contre les flammes. L'unique pompe du lieu fut brûlée au début de l'incendie, et l'eau du bisse des Mayens qu'on avait ouvert ne servit qu'une demi-heure plus tard à la pompe de Brignon qui était arrivée à la course, par un chemin vertigineux. Elle servit néanmoins à protéger une maison qui, immanquablement, allait flamber.

D'autres pompes, celles de Salins, de Veysonnaz, des Agettes et de Nendaz, arrivèrent sur les lieux, puis une douzaine de pompiers de Sion, mais il était trop tard. Le désastre était complet, environ cinquante bâtiments avaient été la proie des flammes, avec tout le mobilier et plusieurs têtes de bétail.

Pas un seul n'était assuré, bien qu'il se trouvât, dans le village, quelques paysans aisés, mais qui se sont toujours laissé rebuter par les difficultés d'une assurance fort chère et soumise à des règlements rigoureux, en égard à la nature des constructions et à leur situation. Il ne reste donc à la grande partie de ces malheureux sinistrés que ce qu'ils ont sur eux...

La nuit dernière, presque tous ont couché dans les champs avoisinant le village, dans le plus complet dénuement. Quant à Verrey, un pauvre hameau perché à quelque cent mètres plus haut, et qu'on disait atteint par le feu, il n'en est rien, heureusement.

La cause du sinistre n'est pas encore connue, bien qu'on présume qu'il s'agisse d'une imprudence d'enfants.

Il n'y a pas eu de mort, ni d'accident de personnes à déplorer. Cinq enfants qui avaient disparu ont été retrouvés dans les bois, enlacés et paralysés par la peur.

Les autorités ont dû aviser aux premiers secours.

La franchise de port pour tous les dons jusqu'au poids de 5 kg (y compris les envois d'espèces et les mandats poste et correspondances reçues ou expédiées par le comité de secours) vient d'être accordée aux sinistrés.

 

Nouvelliste du 16 août 1904

DECISIONS DU CONSEIL D'ETAT

Pour les incendiés de Clèbes

Il est décidé de demander au Département fédéral des Postes et des Chemins de fer la franchise de port pour les dons et envois à l'adresse des incendiés de Clèbes.

Enfin il est porté un arrêté ordonnant une collecte en faveur des dits incendiés.

Il est alloué le montant de Fr. 300.- comme premier secours aux sinistrés du village de Clèbes.

Le comité chargé de la réception et de la répartition des dons en faveur des incendiés est composé de MM. Broccard, président d'Ardon, Guéron, Rd Curé de Nendaz, et Mariéthoud, président de Nendaz.

Dons :

M. Delaloye, curé à Ardon 50 Fr.

M. Jn-Ign. Delaloye, juge, Ardon 50 Fr.

M. J. Gabioud, notaire, à Sion 100 Fr.

 

Ami du Peuple du 18 août 1904

Incendie de Clèbes - Nous recevons quelques nouveaux détails à propos de cet affreux sinistre.

De mémoire d'homme, jamais sinistre pareil à celui du 8 courant n'est venu visiter la population de Nendaz. C'était 4h1/4 de l'après-midi, le tocsin du chef-lieu retentit sinistrement dans les plis et replis de notre vallée. Tous aussitôt de quitter leur ouvrage pour s'enquérir de ce qui se passe. Le village de Clèbes en feu, entend-on crier de toute part ! De toutes les parties de la commune l'on accourt. Les 5 pompes de la commune arrivent sur les lieux. Mais ces secours furent presque inutiles, faute d'eau suffisante, l'élément dévastateur prit bientôt de telles proportions qu'en moins d'une heure il rasa presque tout le village, soit 50 à 60 bâtiments, entre maisons, greniers ou granges. Grâce cependant aux pompiers de Nendaz et de Veysonnaz, à leur courage, à leur dévouement, on parvint néanmoins à sauver deux maisons et 6 à 7 granges. On ignore la cause du sinistre. Il n'y a rien d'étonnant que le feu ait pris sitôt de telles proportions, car les toitures en bardeaux, sèches comme l'amadou, par suite de la chaleur tropicale de ces jours, ont flambé au contact de la première étincelle, aidé encore par un vent du nord-est.

Le sort des ces infortunés est triste, les voilà sans abri, sans nourriture pour eux et pour leur bétail, et encore – ce qui ajoute une note plus lugubre au sinistre – c'est qu'aucune construction n'est assurée. En présence de 40 à 50 familles jetées dans l'infortune, nous ne manquerons pas, nous Valaisans, de leur tendre une main secourable, ne serons pas insensibles à la misère d'autrui.

 

GV n° 99 du 18 août 1904

Pour les incendiés de Clèbes

Sur la rive gauche du Rhône, au sud-ouest de Sion, on aperçoit un long coteau partagé en deux comme un écu. D'un côté, ce sont des prairies qui montent jusqu'à la région des bois, de l'autre, des champs de blé qui vont jusqu'à l'altitude où le seigle ne mûrit plus. Trois aqueducs, vulgairement appelés « bisse », creusés au moyen-âge déjà, serpentent sur le flanc de la vallée et viennent apporter sur les prairies, à 2 lieues de distance, les eaux fertilisantes de la rivière : c'est Nendaz.

La rive droite de rivière la Printze offre un aspect tout différent. Du fond de la gorge jusque dans les hauts pâturages, c'est un coteau très rapide, absolument caché aux regards des voyageurs qui traversent la plaine. Or, c'est là que, depuis une époque très reculée, était assis le gros village de Clèbes, qui n'existe plus depuis l'incendie du 8 août.

Clèbes était, jusqu'au XVIIIe siècle, une seigneurie de l'Abbaye de St-Maurice. On y accède par des chemins muletiers. Les habitations répondant aux besoins de la localité, ont été, de tout temps, toujours les mêmes.

Au centre la Maison du bon Dieu, la chapelle, où l'on prie avec une foi ardente ; et le four banal où chacun faisait cuire son pain, fait avec le meilleur seigle du pays ; puis autour de ces édifices publics se trouvaient enchevêtrés les uns dans les autres les « raccards » où l'on entassait, jusqu'en hiver, le blé et la paille, et les granges pour les fourrages. Tous ces bâtiments étaient en bois...

Les maisons, à deux ou trois étages, étaient pareillement en bois, à l'exception de la cuisine et de la cave. Construites de vieux et durs mélèzes, brûlées par un soleil ardent sur le flanc de ce coteau, elles étaient d'un noir d'ébène. Les charpentiers avaient même, sans la savoir, conservé les traditions de la décoration romane. Sous les fenêtres, une poutre, presque la seule ornementation à l'extérieur, portait une corniche avec les ornements romanes : dents de scie, arcatures, etc.

Eh bien ! C'est à travers ces constructions qui n'étaient point assurées et que l'on ne pouvait assurer auprès d'aucune Société, que les flammes ont passé. Et quelles flammes par ce temps de sécheresse !

Les malheureux habitants errent, à moitié en délire, autour des cendres de leurs demeures. Et ce sont des types de braves gens !

En parcourant autrefois les archives de l'administration de cette seigneurie, j'ai été frappé de voir qu'il n'y avait jamais eu un repris de justice. Et dans les temps modernes, ils avaient la solution de la question sociale dans leur rude travail. Dans le village il n'y avait pas de riche et pas de mendiant. Et maintenant, il n'y a pas un seul habitant qui ne soit plus à plaindre que le dernier des mendiants !

La charité prêchée par Jésus Christ est, de toutes les vertus, celle qui a le plus compénétré notre siècle.

Le Valais et la Suisse sauront compatir à ces grands malheurs et se souvenir que les paysans attachés à leur coin de terre de toutes les fibres de leur âme, ont toujours été et seront toujours la meilleure force de la nation.

Chanoine P. Bourban

 

Confédéré du 20 août 1904

Pour les incendiés de Clèbes

On sait que le Conseil d'Etat du Valais avait voté un don de 500 Fr. pour les sinistrés de Neirivue ; à titre de réciprocité le Conseil d'Etat de Fribourg vient de voter un don de même valeur pour les sinistrés de Clèbes.

Le Conseil d'Etat vient d'ordonner une collecte à domicile dans les communes des districts français de Sierre, Hérens, Sion, Conthey, Entremont et Saint-Maurice. Le district de Monthey a été omis, sans doute, pour le motif qu'il a lui-même, il y a deux ans, été péniblement éprouvé par le débordement du Rhône.

 

Nouvelliste du 23 août 1904

Salvan – Mercredi dernier, à 8h du soir, M. Heubi, directeur d'institut, un homme de beaucoup d'initiative et de cœur, conviait à son chalet des Marécottes les étrangers en séjour dans notre vallée.

Avec le bienveillant concours de Mlle Luquiens, cantatrice émérite, et, d'un groupe de jeunes artistes aussi aimables que dévoués, la soirée fut charmante et des mieux réussies.

Le programme du concert de bienfaisance était d'ailleurs varié, engageant ; aussi nombreuses furent les personnes qui répondirent à l'appel ; et, qui tinrent à manifester leur compassion pour ceux que le malheur a frappés !

Le produit de cette soirée donnée au profit des malheureux sinistrés de Clèbes sur Nendaz, est de 200 Fr. Merci à vous tous, ô cœurs généreux qui avez la bonne pensée de payer ainsi votre tribut de reconnaissance à ce Valais hospitalier que vous affectionnez tout particulièrement.

Louis Coquoz, inst.

 

Ami du Peuple du 19 août 1904

Pour les sinistrés de Clèbes

Madame L. Ritz à Zürich, la veuve de notre inoubliable artiste national, feu M. Raphaël Ritz, voulait s'associer aux généreux donateurs qui ont déjà tendu une main secourable aux malheureux incendiés de Clèbes, a envoyé une étude que feu M. Ritz avait faite au lendemain d'un incendie.

Elle représente deux jeunes époux pleurant sur les débris de leur chaumière incendiée, dont ils n'ont sauvé que leur enfant et un paquet de hardes.

Cette esquisse, qui est en montre au magasin Mussler, sur le bisse des Mayens, sera mise en vente au prix réduit de 50 Fr., quoique d'une valeur bien supérieure, le Dimanche 28 août, à la Chapelle des Mayens à l'issue de la Messe de 9h1/2.

Nous ne doutons pas qu'elle ne trouve un ou plusieurs amateurs généreux, qui s'empresseront de se procurer cet intéressant souvenir et en même temps de faire preuve de charité bien placée.

 

Nouvelliste du 25 août 1904

Nendaz – Merci aux Sédunois. C'est dans l'adversité que l'on connaît les vrais amis. Souvent, en suivant l'onde limpide du bisse des Mayens vous avez contemplé à vos pieds le rustique mais coquet village de Clèbes ; vous paraissiez même parfois passer indifférents au milieu de ces paysans qui, vous voyant défiler, troupes bruyantes et joyeuses, interrompaient leurs pénibles travaux et tout en essuyant la sueur de leur front, accompagnaient d'un sourire les « Messieurs » qui s'en allaient. Indifférents vous ne l'étiez pas.

La générosité, avec laquelle vous nous êtes venus en aide, générosité digne de remarque et digne aussi d'être imitée en est une preuve éclatante et péremptoire. La vue de ces malheureux fouillant dans les décombres un dernier reste de ferrailles ; de ces mères en pleurs montrant à leurs enfants ce qu'il reste de la demeure où ils sont nés et où ils ont vécu leurs tendres années, la vue de tant de misère et d'infortune, dis-je, n'est pas restée sans écho dans nos cœurs.

Nos remerciements les plus chaleureux à MM. Les Hôteliers qui en organisant des collectes dans leurs hôtels nous ont fait parvenir une somme assez rondelette qui aura son poids dans la reconstruction de notre village. Merci enfin à tous les généreux donateurs. Les habitants de Clèbes garderont le meilleur souvenir des Messieurs des Mayens de Sion.

Encore une fois merci au nom des sinistrés de Clèbes.

 

Confédéré du 31 août 1904

Zermatt – Pour les incendiés de Clèbes

Favorisée par un ciel bleu de myosotis, comme il en est à Zermatt dans les beaux jours, lisons-nous dans la Feuille d'Avis du Valais, la fête, organisée samedi soir par M. A. Seiler pour les incendiés de Clèbes, a été des mieux réussie.

Au moment où Zermatt, brillamment illuminée, étalait à profusion toutes ces beautés, grâce aux ressources de la pyrotechnie, au sein de l'ombre mystérieuse et calme de la montagne, jaillissaient comme par enchantement des gerbes de feu multicolores. Féerie de lumière, pluie d'étoiles, envolée de fusées vers le ciel, charmantes productions de l'Instrumentale, venue à Zermatt pour la circonstance ; rien n'a manqué pour fasciner le spectateur et éveiller en son âme les plus suaves impressions. Je ne m'arrête pas à décrire plus longtemps la fête ; les yeux voient, le cœur sent ; mais la plume est impuissante à rendre.

La collecte qui a été faite à cette occasion a produit la jolie somme de 800 Fr. et l'écho de cette belle fête ira, par-dessus la montagne, emporté par la bise âpre des monts, apporter un peu de consolation et de soulagement au sein des familles cruellement éprouvées. Dans la crainte de blesser la modestie de celui qui fût l'âme de cette œuvre de charité, je n'ose que dire : Honneur à M. Seiler, dont les sentiments généreux ne se bornent pas à des paroles, mais se traduisent en des actes qui relèvent, consolent et pansent délicatement la plaie de celui que le malheur a éprouvé.

Renseignements prix, nous croyons savoir que le chiffre de la collecte est supérieur à 800 Fr. ; il doit atteindre près de 2000 Fr.

 

Nouvelliste du 1er septembre 1904

Clèbes – L'estimation officielle des dommages de Clèbes se résume ainsi :

dix-huit maisons d'habitation, vingt écuries, trente greniers, en tout, soixante-huit immeubles incendiés. Le dommage taxé d'après les registres de l'impôt, est de 45'000 francs, mais il ne faut pas oublier que les taxes du rôle de l'impôt sont très basses, à tel point que le bâtiment le plus beau du village, un chalet en mélèze à trois étages, était taxé 1200 francs, je dis, mille deux cents francs.

La reconstruction devra se faire en tenant compte des mesures de sécurité, telles que l'élargissement des rues, la principale devant avoir quatre mètres de largeur ; les écuries sont placées aux deux extrémités du village, là où sont les fontaines. Au milieu, on mettra un hydrant.

 

Confédéré du 3 septembre 1904

... Le nouveau Clèbes comptera moins de bâtiments que l'ancien, un certain nombre de propriétaires renonçant à construire, d'autres se contentant de bâtir une seule maison au lieu de 3 ou 4 qu'ils possédaient. La liste des dons en argent s'élève à Fr. 9'144.35. Les dons en nature affluent.

Ami du Peuple du 9 septembre 1904

Dons parvenus à la caisse d'Etat :

Total précédent Fr. 9691.80

Géroudet Emile, négt., Sion Fr. 20.—

Comité des incendiés de Clébes Fr. 110.—

Produit d'une collecte à l'hôtel Rosa-Blanche des Mayens-de-Sion

A. B. Zürich Fr. 10.—

Mme von Maier, Les Plans/Bex Fr. 10.—

G. Moutet, Vevey Fr. 5.—

Paroisse de Neuheim, Zoug Fr. 5.—

Helvétienne de Montrichler Fr. 25.—

Réd. des „Basler Nächrichten" Fr. 10.—

A. Ralp-Bührer, Bâle Fr. 10.—

Don des prêtres de la Conférence du décanat de Monthey Fr. 50.—

Par M. H. Renaud, pasteur à Morrens Fr. 10.—

Dr Albert Roten, Sion Fr. 10.—

Hôtel de la Croix fédérale à Champéry Fr. 90.—

Quête à l'église de Savièse +Anonyme Fr. 100.—

Anonyme de Zoug Fr. 10.—

Un ami des Valaisans du pied du Jura Fr. 50.—

Gaillard Fréd., Chamoson Fr. 15.—

Par M. L. Milliet, past. à Dommartin-Sugnens, collecte Fr. 30.—

M. & Mme du Grosriez, Mayens-de-Sion Fr. 20.—

Commune Finshauts, collecte Fr. 118.—

V. Wittenbach, Chexbres Fr. 20.—

M. le colonel Fama, Saxon Fr. 50.—

Laboratoire des Dialysés Golay, Saxon Fr. 20.—

Commune de Martigny-Combes Fr. 100.—

Société de chant la Lyre, Saxon Fr. 10.—

Adm. Du « Berner Tagblatt » Fr. 74.—

Par Céline Giroud, la Colline, s. Territet

Collecte entre les employés Fr. 24.50

Commune Hérémence, collecte Fr. 68.20

J.G. Stouky, papetiers, Lausanne Fr. 20.—

M. Abbé Praz, prof. au séminaire fr. Fr. 20.—

MM. les ecclésiastiques du Décanat d'Ardon Fr. 67.—

Total Fr. 10868.40

 

GV du 5 novembre 1904

Sion – Pour les incendiés de Clèbes

La quête ordonnée par le Département de l'Intérieur sera faite pour la commune de Sion par les soins de M. H. Ribordy, secrétaire municipal. Les personnes charitables que le quêteur n'aurait pas rencontrées chez elles sont priées de faire parvenir leur don au bureau municipal.

Pour Clèbes

Le « Männerchor Harmonial » de Sion prépare pour dimanche soir, avec le bienveillant concours de l'Instrumentale, une soirée musicale au théâtre de notre ville. Le produit de l'entrée – très modique pour la circonstance – et d'une quête qu'on se propose d'organiser entre les productions, est destiné entièrement à secourir les sinistrés de Clèbes. Qu'on se le dise !

 

Confédéré du 12 décembre 1904

Pour les incendiés de Clèbes

Vingt-cinq mélodies (chants d'ensemble, duos, trios), des récitations, une interprétation enfantine des Marionnettes de Juste Olivier, le quadrile, une heure de « détente » ou une longue récréation à mon école, telles sont les grandes lignes du programme de la soirée que l'école indépendante de Saxon se propose de donner dimanche 13 courant, à 6 heures du soir, au Casino, en faveur des incendiés de Clèbes.

Nul doute que la population de Saxon et des environs, désireuse de témoigner une fois encore ses sympathies pour les malheureux sinistrés de Clèbes, n'accoure nombreuse à cette modeste petite fête.

Des billets (20 cts pour les enfants, 40 cts pour les grandes personnes) seront en vente, à l'entrée pour ceux qui n'auront pu s'en procurer d'avance.

 

Nouvelliste du 23 février 1905

Reconstruction de Clèbes

Le Conseil d'Etat approuve le plan de reconstruction du village de Clèbes présenté par la commission ; M. le géomètre Ls Wolff est chargé de veiller à l'exécution des travaux conformément au plan.

Nouvelliste du 5 septembre 1905

Nendaz – Le village de Clèbes, qui a été la proie des flammes, le 8 août 1904 ne se reconstruit que très lentement et aujourd'hui, après plus d'une année, quelques granges seulement, six en nombre, ont été rebâties pour recevoir la récolte de l'année courante. La chapelle présente le même aspect délabré que le lendemain du sinistre. Les ruelles sont déblayées, mais des amas de pierre couvrent partout l'emplacement des anciennes habitations. Ça et là, les cercles des tonneaux brûlés pendent à un vieux pan de mur. Le plan de reconstruction est depuis longtemps élaboré, mais les ressources manquent aux habitants pour l'exécuter. Ceux-ci sont provisoirement logés dans les villages voisins de Veysonnaz et de Verrey.

 

Nouvelliste du 27 février 1906

Incendiés de Clèbes

Le Département de l'Intérieur est autorisé à répartir le produit de la collecte en faveur des incendiés de Clèbes sur la base de l'échelle arrêtée par le Conseil d'Etat le 5 janvier dernier. Toutefois la part revenant à chaque sinistré ne sera délivrée que sur une attestation constatant qu'il s'est conformé, pour la reconstruction de ses bâtiments, aux mesures ordonnées.